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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 13:04
Au  retour de ma première permission du mois d'Avril je remarquais quelque chose de changé dans la chambrée, mais je ne savais quoi.

Ah si, je le remarquais bientôt, ce petit losange argenté au dessus du losange bleu qu'avait obtenu rapidement  STOFFEL, de la 70/12 : pendant mon absence il avait été nommé Brigadier-Chef : Bichef quoi.

C'était parfait voilà : c'est lui qui aurait autorité sur la chambrée.

C'était un type  sympa, bien que pas trop expansif, il était de Roanne.
 Il semblait savoir pas mal de chose, sans trop les livrer.
C'était un type bien en qui l' on pouvait avoir confiance.

Il y eut aussi la Saint-Georges, saint patron des cavaliers à l'occasion de cette fête une compétition entre les Escadrons : ce fut nous, le 1er Escadron, qui gagna encore, et c'est bien normal, car nous étions les meilleurs, et à cette victoire, j'y avais apporté ma modeste contribution.

L' Escadron devrait bientôt partir en manoeuvres, mi mai, et nous sûmes rapidement que nous, qui devenions libérables en mai, serions dispensés de cette promenade.

L'Escadron, le Régiment,  semblait faire une croix sur notre classe 70/06.


....
Retour en arrière :

Il m'arrivait souvent lorsque j'étais au bureau du Lieutenant, et ceci tout au long de mon service, petit local qui était aussi mon petit bureau situé dans l'Escadron, et que je n'avais rien à faire de précis, de compulser la documentation qui était à ma disposition.

C'est ainsi que je m'initiais à la D.O.T ou Défense Opérationnelle du Territoire, sorte de version transposée à l'Armée Française du dicton du Président Mao " l'Armée doit être dans le Peuple comme un poisson dans l'eau" : c'était l'hypothèse envisagée de l'intrusion dans notre beau pays, de ceux d'en face, les Popov., nous devions nous couler dans la population, chercher le renseignement, et se méfier des agents ennemis dormants ...

Dans cette hypothèse, la Guerre, outre une guerre frontale, était aussi une guerre par tentative de subversion de l'intérieur, l'ennemi extérieur ayant des soutiens à l'intérieur.

Cela me confortait dans l'idée que j'avais de Notre Armée, idée que j'avais exprimé devant le Lieutenant GHIRINGHELLI, lors de l'entretien d'incorporation, MES PREMIERS JOURS AU QUARTIER PLESSIER A ALTKIRCH

Je vis aussi des plaquettes très bien documentées sur les différentes tenues de ceux d'en face, les différentes troupes du Pacte de Varsovie, leur matériel, la durée de leur service qui était plus longue que la nôtre.

Une autre brochure documentaire aussi, traitant de l'utilité des projecteurs très puissants des chars de combats : comment éclairer  le champ d'évolution d'un escadron ennemi ou de tout autre rassemblement, à son insu, par temps couvert : le projecteur, pointé vers le ciel et rencontrant le plafond nuageux éclairait ainsi le champ de bataille.

Bref des astuces que ceux d'en face devait connaître aussi : mais encore fallait il les apprendre.

...

Troisième décadie de Mai, l' Escadron partait en manoeuvre, nous laissant seul (à l'Escadron seulement).

C'était notre Libération avant la date, la discipline se relachait, et le "foyer" était très fréquenté !

La température était douce, nous étions en mai, les arbres avaient remis leurs feuilles ...

....

Nos camarades revinrent de Manoeuvres le 27 mai, veille de notre libération.

Le soir, comme il etait de coutûme, et bien que cela fut interdit par le réglement militaire, comme d'autres coutûmes, comme celle du PERE CENT, du petit cercueil qui circule lorsque l'on a dépassé le cap des derniers cent jours à faire,

alors, la fanfare, au complet cette fois, sonna à 22 heures l'extinction des feux, tandis que sur la Place d'Armes, nous, tous les libérables se tenant par la main faisions un grand zéro.



Le 28 mai, le jour J, toute la 70/06 se retrouva pour le repas de Midi en présence du Colonel, du Capitaine, des Lieutenants etc, au Foyer qui avait été réquisitionné et réservé pour le repas des Libérables.

Des tables, des nappes, pour
la 70/06, classe dont l'essentiel de l'effectif venait du premier escadron était aussi disséminée à l'ECS et les différents services que cet Escadron pléthorique alimentait.


Puis l'ambiance, tout en restant joyeuse, tout cela,  dégénéra finalement , à l'initiative de quelques uns, sans doute par jeu, au grand dam de la hiérarchie : les appelés galonnés se dégalonnèrent, trempant leurs insignes dans la boisson, et tout cela vola de part  et d'autres du foyer, un vrai scandale et le plus drôle, c'est que c'était ceux qui avaient le plus mérité, ceux qui étaient les plus exemplaires aux yeux de la hiérarchie qui avaient initié la chose.

Les gradés étaient scandalisés, le dessert fut vite servi et nous sortîmes du foyer.

Il y avait eu comme un sentiment de révolte, une révolution ... c'était la mode, la mode des cheveux longs et des idées courtes ... qui s'était branché au chahut initial.


Retour à l'Escadron et presque tout de suite, rassemblement des Libérables, par peloton !!!!

Le Capitaine, pâle d'une colère contenue nous demanda de nous désigner individuellement comme ayant participé à cette joyeuse sauterie.

Question absurde qu'il nous posait là : tout le monde évidemment y avait participé : mais à notre grande surprise, seul notre petit Peloton échelon se désigna comme responsable, moi compris !

Nous nous attendions à une levée de mains unanimes !

Mais nos copains nous lachaient : Le Capitaine resta estomaqué, et le Lieutenant était pâle de colère !
Je pense qu'il était pâle de colère, non pas contre nous, mais de voir que finalement seul nous, qui plus est son peloton se dénonçait.

Le plus drôle, c'est qu'aucun de nous, je vous le certifie n'avait participé à ce charivari !

Nous fûmes convoqués immédiatement au bureau du Capitaine et il nous fit la morale, sur la signification de notre geste qui signifiait merde à la Société, merde au patron : il y avait dans tout cela beaucoup de fantasme : nous étions nous simplement heureux de quitter le Quartier et de ne plus avoir à y remettre les pieds.

Je pense néanmoins qu'il n'était pas aveugle lui non plus, et qu'il avait compris, et qu'indirectement il reconnut en nous un certain esprit de solidarité, esprit indispensable dans l'Armée, ce qu'on appelle l'Esprit de Corps.

Bref, il nous délivra  notre CERTIFICAT DE BONNE CONDUITE : que j'ai toujours en ma possession.


Nous étions libérés, donc, Le Lieutenant tînt à organiser dans la Chambrée le pôt d'Adieu ...

Il ne fut pas tenue compte dans ce pot, auquel participaient nos copains de chambrée de la 70/12 qui restaient, de l'incident, très relatif du repas de fin de classe au Foyer.

Je pense qu'ils comprirent avec un peu de recul que tout ceci n'était pas très méchant au fond : vol de chiffon mouillés au dessus d'un nid de Libérables, ce n'est pas bien méchant !

Je pense surtout, que pendant un cours instant toute la hiérarchie militaire présente avait vu son autorité mise en cause : j'imagine que plus tard il se ressaisirent !

Donc pour ce pot de départ, nous bûmes du Champagne, et  nous nous entretînmes calmement avec notre Lieutenant, l'incident était oublié, visiblement il ne nous en tenait pas rigueur et avait compris notre démarche.

Nos sous off, qui étaient là aussi, en restaient quand même un peu pantois !

...

Puis le départ, brusquement par une belle journée de Printemps, nous nous retrouvâmes dehors, trois, nous fîmes du stop jusqu'à BELFORT, 33 kilomètres : celui qui nous prit nous raconta qu'en  1944, jeune appelé, il avait participé aux combats de la poche de Colmar contre l'Armée allemande, dans l'Armée du Général de Lattre de Tassigny, je crois.

Puis notre train, à BELFORT, toute la 70/06 était là ...

Puis le soir, arrivée à la Gare de l'EST : au bout du quai je revis CHABROL, de la Dordogne, qui devait gagner la Gare d'Austerlitz et je lui souhaitais une bonne vie ...

Là notre classe se sépara définitivement, dans une sorte d'euphorie hallucinée, je pris le métro, l'anonymat, ...

Plus tard, le Pont de Neuilly, le bus le 141, un pincement au coeur quand même.

J'arrivais à la Maison, ne comprenant pas ma nouvelle Liberté ...

Un peu plus d'un an  après, étant avec Maman à PARIS, au niveau des grands magasins, dans le quartier Saint-Lazare, j'eus la bonne surprise de rencontrer mon copain Bernard, que je rencontrais la première fois le 2 Juin 1970 à la Gare de l'Est, lors de mon départ.

Il me fit parvenir ses voeux, au début de l'année suivante, puis la vie se chargea d'effacer temporairement nos souvenirs ...

Et puis voilà que, début 2008, sur un site bien connu propice à la retrouvaille des copains d'autrefois, je pus lui adresser un mail ...

Mais voilà la vie suit son cours et, je viens d'apprendre son décès à la mi octobre 2008.

J'ai adressé un petit mot à sa compagne ...

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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 01:57

Lorsque notre classe la 70/06 arriva en juillet 1970 au premier escadron, il fallait nous faire de la place.

C'était une classe de l'année 69 que nous remplacerions, celle qui fut retardée quelques heures et fouillée sur la Place d'Armes, du fait de la perte momentanée d'une arme sur le champ de tir d'Hirtzbach.

Quelques jours, nous partageâmes la même chambrée : à l'échelon ça pouvait aller : l'effectif du peloton était réduit ; mais dans les pelotons de combats, la situation aurait été la surpopulation.

Mais heureusement qu'il y avait pour les nouveaux venus le stage au CIDB de Carpiagne dans les Bouches du Rhône : ainsi fin juillet quand la classe 70/06 fut de retour au Quartier, les libérables étaient déjà revenus à la vie civile, depuis environ trois semaines.

Les bleus c'étaient nous.

Les anciens, c'était la 70 1/A : c'était eux désormais à l'Escadron les anciens, ceux que nous verrions partir en décembre 1970 et qui se croisant dans les escaliers se saluaient en criant le nombre de jour qu'ils leur restaient à accomplir , nombre magique suivit de ... au jus.

Ce furent de bons camarades et ils nous accueillirent très bien au sein des chambrées.

L'un je l'ai déjà dit, était Jockey dans le civil, habitant Montesson, à côté Chatou et Saint-Germain en Laye, les autres, de différents coins de la Région parisienne de l'Essonne principalement.

J'ai oublié de parler d'Augustin, très sympa, qui devînt chef de chambrée, et qui fut nommé Brigadier Chef vers le moi de septembre 1970 : comme l'avait été CHMIDE, libéré en juillet, que je connu donc une dizaine de jours, et qui était aussi très sympa, il était un peu le chouchou du Lieutenant, en tout bien tout honneur bien sur.

Du fait des relations assez décontractées que le Lieutenant entretenait avec son peloton, l'ambiance fut toujours bonne au sein de l'Echelon.

Quant aux gradés, les sous off,  tiens je l'avais oublié, un Marseillais, MDL, une très bonne pâte, un autre, mon MDL bref enfin ça pouvait aller, un autre MDL, impec et pas emmerdant pour deux sous, et le Chef, un peu gueulard parfois, mais trop intelligent et caustique pour se prendre au sérieux.

Quant à notre Lieutenant, qui était aussi le Lieutenant en premier de l'Escadron, c'est-à-dire l' alter ego du Capitaine, il était comme on dit maintenant "cool" avec nous : il avait gravi les échelons de la hiérarchie depuis for longtemps, étant rentré m'avait-on dit dans l'Armée comme simple soldat.

Il ne nous causa jamais d'ennui ni ne nous infligea jamais une sanction d'aucune sorte.

Je travaillais souvent avec lui, c'était un homme plutôt silencieux, avec qui je discutais parfois : il avait une bonne connaissance du matériel roulant et était un expert sur la mécanique des armes.

Pas du tout autoritaire .  Son autorité était naturelle, ce qui fait que l'on pouvait aborder ensemble différents sujets, sans avoir trop à se soucier de tourner sept fois la langue dans sa bouche, et lorsqu'il nous donnait un ordre, nous l'éxécutions sans rechigner !

Il nous dispensait du salut à chaque fois que l'on s'adressait à lui.

Je le vis plusieurs fois, lors de l'inventaire qualitatif des armes de l' Armurerie de l' Escadron, démonter et remonter à fonds une MIT 50, arme particulièrement délicate à démonter et dont le ressort de culasse est un danger mortel.

Cet inventaire consistait à démonter chaque arme de l'armurerie, du pistolet 9mm au LRAC, en passant par les fusils mitrailleurs et mitrailleuses de tout poil, de détecter les défauts, et de décider du sors de l'arme : RAS, telle pièce à changer, atelier régimentaire, atelier de Belfort : quant à moi je notais sur un cahier spécial ces observations.

Il avait incontestablement du métier.

A l'armurerie de l'Escadron , il y avait plusieurs centaines d'armes, toutes enchaînées avec un gros cable d'acier, le plus souvent passant par l'anneau de la queue de détente ... et il régnait dans cette grande pièce une odeur permanente de résidu de poudre, cette odeur particulière que j'avais remarqué la première fois lors de ma première séance de tir, à HIRTZBACH.

Je finis par bien connaître cet endroit, car il m'arriva plusieurs fois d'y demeurer lorsque BUCHET ou MAROTTIN, les deux armuriers appelés, en titre, prenait une permission.

Bref à l'échelon nous étions bien logés, et c'était aussi le cas du Peloton du Capitaine, le fameux PC ou Peloton de Commandement : le sous officier qui le dirigeait était un Adjudant, pardon un Lieutenant (tradition de la Cavalerie qui veut que l'on appelle Lieutenant un Adjudant), sympa, un homme tout en rondeur, qui était du Sud-Ouest , très humain, et qui n'aurait pas fait de mal à une mouche.

Ce brave homme frôla la mort au champ de tir de Hirtzbach, lorsqu'un PM s'enrayant, le tireur étant d'ailleurs le petit fils de notre Libraire de Nanterre, celle chez qui, étant petits, nous allions chercher : Spirou, Mickey, Mireille, il intervint, bidouillant la culasse, et que la rafale partit soudainement, au ras de sa brioche ...

Beaucoup de copains du PC  (Peloton de Commandement) de l'Escadron dont les noms me reviennent : Pierre Wolfram 
retrouvé récemment, sur "copains d'avant", Pierre, qui y était fourier et qui habitait aux alentours : il pouvait être chez lui tous les week end, sans prendre de perm, aux heures de Quartier Libre.
Fontgivall catalan d'origine et champion de moto, Stefano le Toulousain, Bahoum, et d'autres dont les noms me reviendront, Jean Kenen, le révolté au regard toujours endormi !
ZAP aussi je crois faisait partie de ce Peloton : son nom se prononçait ZAP'.

Dans mon Peloton, ce sacré Dominique qui m'appelait la zone, car lui était de Montesson et moi de Nanterre, avec lequel j'allais quelquefois en ville, le week end avec AUGUSTIN et MERCKEL, dans le temps de quartier libre, histoire de boire un coup dans un troquet d'Altkirch.

MERCCKEL habitait Pantin, il était sympa et moqueur, mais aussi susceptible ...

Tous était mécano ou électricien auto et travaillaient au simple entretien du matériel roulant de l'escadron.

Un jour, Dominique ramena de chez lui des paires de gants de Boxes : alors le soir, dans la chambrée, nous organisions des combats : à l'expérience de quelques séances, je peux vous dire que l'on s'énnerve vite à ce genre de sport, et qu'un coup pris donne vite envie d'en rendre un autre : mon avantage est encore d'avoir de grands bras, une certaine allonge comme on dit, ce qui me vallut un jour de m'accrocher à la ferrure d'un cadenas d'une de nos armoires et de me tailler un peu, bobo qui guérit vite grâce à l'eau des lavabos.

Nous stopâmes l'entraînement ...

Lorsque la fin décembre vînt quelques jours avant Noel, ils furent libérés, et le soir, j'allais à un repas en ville auquel ils m'avaient convié.

Nous en avions un peu gros sur la patate lorsqu'ils partirent ...

Puis en janvier 1971, les nouveaux bleus arrivèrent, la 70/12 : ils venaient principalement du Lyonnais et de l'Isère, de l'Est du Massif central, ils avaient cet accent un peu traînant caractéristique (celui de JACQUET qui nous fit gagner la coupe du monde de footbal en 1998).

Un était de Roanne STOUFLE un autre de Saint-Etienne, Jacques RATA qui était d'origine polonaise (Sté comme il disait), et que nous appelions RATA pour faire court,  un autre de l'Isère : nous leur fîmes bon accueil, comme nos anciens nous avaient aussi bien accueilli.

Un problème de surpopulation cependant s'était fait jour, et comme notre chambrée était très peu peuplée, nous dûmes accueillir des camarades d'un peloton de combat : de ma classe comme de celle des bleus que nous accueillions : on monta donc les lits métalliques les uns sur les autres, ce qui me valut l'arrachage de mon ongle du pouce gauche, qui finit par repousser mais qui m'occasionne encore aujourd'hui de vives douleurs au moindre choc, ou bien par grand froid.

Je me souviens d'un Hussard, avec lequel j'avais fait mes classes : il était de nationalité suisse, mais pouvait faire son service militaire en France, ce qui le dispensait de faire celui de son pays qui nécessite des périodes continuelles, ce qui devait le gêner pour sa vie professionnelle : son nom m'est revenu il s'appelait GLASSER.

BRENAIN aussi, d'un peloton de combat accueilli faute de place dans notre chambrée : il était de MONTCEAU-LES-MINES.

Un jour j'amenais au Quartier ma guitare : à l'époque j'en jouais encore assez souvent, et j'eus un certain succès en jouant notamment et souvent, "nuages" de Django Reinhardt.

Des copains MARTIN, NARDO, amenaient leurs 45 tours et aussi c'était l'époque des premiers lecteurs à cassettes !

Nous écoutions Ottis Reding, ou les Stones, le Zep ... tous ces groupes que je connaissaient très mal, voire pas du tout.

Courant 1er trimestre, le Capitaine partit, cédant son commandement à un nouveau capitaine, plus jeune : bien qu'assez strict, il ne fit pas preuve d'abus d'autorité.

....

J'avais un défaut : je ne prenais pas souvent de permission, ce qui remarquez,  arrangeait mon camarade de l'armurerie que je pouvais ainsi remplacer le week-end.

A propos de l'Armurerie, il y eut en 1971 une attaque d'armurerie dans une caserne des FFA, par la bande à BAADER : un soldat français fut tué, et des armes volés.

Un lieutenant trouva la parade : on fit accrocher dans l'Armurerie une douille d'obus vide, en guise de cloche d'alarme, avec comme battant de cloche un gros cable d'acier terminé par un boulon : celui-ci devait être actionné en cas d'attaque !

Je ne sais si cette précaution auraît été dissuasive !

Donc je ne prenais pas assez de permissions : pour moi, elles étaient trop courtes : à peine arrivé, il fallait repartir.

En effet mon domicile étant à 489 kilomètres du Quartier, je n'avais droit qu'à 36 heures.

Au delà de 500 kilomètres j'aurais eu droit au double, soit 72 heures.

Ainsi j'accumulais des jours de permissions non pris.

En avril 1971, je pris une permission d'une semaine ; à la fin de celle-ci, je retournais au Quartier, et deux jours après, j'eus à nouveau droit à une autre semaine de permission.


 avril 1971 : bibi en Permission-ma soeur Elizabeth, et la femme du copain de Patrice, ce dernier ayant fait la photo, près des toits de la cathédrale de Chartres,
chère à Charles PEGUY



Durant cette permission je fis la connaissance d'un copain de Régiment de mon frère Patrice et de son épouse.

Ensemble nous allâmes à cette époque visiter la cathédrale de CHARTRES.









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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 15:28
Parmi tout ce que nous dirent en nous accueillant nos instructeurs de notre peloton au 4ème Escadron, le 1er jour de notre arrivée au Quartier Plessier, le 2 juin 1970, le Brigadier-Chef CONTRATTO et le Brigadier MARCHAL,  c'est qu'ils nous  promirent notamment les rigueurs de l'hiver alsacien.

Un hiver glacial et neigeux comme les précédents : ils nous racontèrent notamment qu'ils avaient fait, eux, leurs classes dans la neige, tellement abondante qu'ils durent se construire des igloos.

Je les croyais d'autant mieux car je savais que le Brigadier MARCHAL n'était pas de Marseille, mais de Nanterre.

Bien sur l'hiver qui allait venir ne fut pas spécialement chaud mais l'absence persistante de la neige fut remarqué, en Alsace pour cet hiver 1970-1971.

La première fois que j'y vis de la neige c'est à la nuit de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre 1970, où une neige fine et glacée recouvrit la Place d'Arme,  brillante sous la lune, et on se caillait un peu dans les chambrées.

Le Régiment était en effectif réduit pour les fêtes et d'un commun accord avec les copains, nous nous étions répartis les absences : j'avais pris une perme pour Noël, et je restais au Quartier pour le Jour de l'An.

J'assurai notamment la permanence de l'Armurerie de l'Escadron.

Un autre jour aussi, où nous fûmes confrontés aux rigueurs du froid, c'est à la mi février 1971.

Ce jour là, le pourtour goudronné de la Place d'Armes était gelé, ce qui occasionna la chute d'un sous-officier qui voulut à tout pris  y faire de la moto, ce qui fit rire sous cape mon copain F........, motard émerite, qui était de Perpignan et était le chauffeur en Jeep du Capitaine, il était rattaché au Peloton de Commandement de l'Escadron.

Il nous avait annoncé à l'avance "qu'il allait se vautrer" , effectivement au premier virage, il y eut un valdingue !

Donc ce jour là, à la mi-février 1971, tout le Régiment était réuni sur la Place d'Armes car nous attendions la venue pour Inspection et une prise de contact du Général de Boissieu (gendre du défunt Général de Gaulle), commandant le 1er corps d'Armée auquel le 8eme RH était rattaché.

Tout le Régiment était au Garde à vous, rassemblé bien sûr par Escadron, et par Peloton, treillis satiné de rigueur.

Il faisait moins 7 sur la Place d'Armes, et il y avait un petit vent d'Est frisquet.

Vers la fin de la matinée, le Général finit par arriver et fut accueilli par la Fanfare du Régiment avec la sonnerie réglementaire, passa entre tous les rangs, posant des questions à certains, adressant des compliments !

Puis il pris congé.

Nous rompîmes alors les rangs, ayant hâte de nous réchauffer.

La dernière semaine de ce même mois de février 1971, nous partîmes en Manoeuvres à Valdahon, dans le Doubs, près de BESANCON.

Le temps était clair et il ne faisait pas froid.

Nous traversâmes des villages, des petits bourgs : un copain, de Dordogne nous prépara, à la pause de midi une volaille qu'il avait déniché je ne sais où, sans doute l'avait-il acheté, aux petits oignons.

Dans ce camp, le climat je veux dire  le temps,  était glacial, et le soir, lors des séances de tirs, sur ce vaste camps ou aussi bien les EBR faisaient des tirs de nuit à la mitrailleuse REIBEL, avec des balles traçantes, nous, les Hussards du peloton de Commandement et d'Echelon, nous attendions, quand même à l'abri sous la bâche de notre camion Berliet notre tour pour faire une séance de Tir au Pistolet Mitrailleur, et par ces nuits claires, éclairées par la Lune, il faisait très froid.

Je me souviens de ces séances nocturnes, où le Capitaine, qui craignait les accidents du fait de l'obscurité,  rudoyait ses Lieutenants et veillait au décompte précis des munitions et des armes en rouscaillant.

Fin des Manoeuvres  : au matin de notre départ de Valdahon pour rentrer au Quartier, la neige se mit à tomber, ce qui ne réjouit personne.

Le Berliet dans lequel j'étais dans la cabine, avec le chauffeur et mon MDL qui me suivait comme mon ombre,  etait chargé de Jerrycan.

Nous passâmes dans une région du Doubs appelé les Gorges du LOMONT : là, des précipices très profonds à flanc de route, une route enneigée, d'une neige pas très épaisse mais bien froide : le chauffeur s'appliquait.

Au sortir de cette région, il ne neigeait plus, il pleuvait.

Je ne sais plus si c'est au cours de ce retour ou bien une autre fois qu'une roue du camion creva.

Je sais que je me "dévouai" alors  pour glisser un gros crique orange pneumatique sous le train arrière du camion.

Arrivant dans le Sundgau, le temps redevint sec.

Arrivé au Quartier, nous sûmes qu'il n'avait ni neigé, ni plu.

C'est lors de ce retour que je fus promus au grade de Brigadier !

 photo prise par moi en 1971 depuis une fenêtre du 1er Escadron : on y voit le deuxième ou le troisième escadron revenir de manoeuvres.


En tous les cas je prenais toujours aussi peu de permissions, et mes parents, comme mes camarades de chambrée s'en étonnaient et même s'en inquiétaient .





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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 01:43
Début novembre 1970 l' Escadron repartit en manoeuvre, encore pour BITCHE.

Là les conditions météo étaient très différentes, le temps était gris, froid, et il pleuvait.

A l'arrivée au camp, cette fois pas question de faire du camping, en effet il y a des pavillons dans ce camp qui pouvaient loger des escadrons entiers avec tout le matos.

Nous fûmes logés en dur.

J'aurai une petite bicoque que je partageais avec l'armurier. J'avais à ma disposition un poêle à bois, et j'étais encombré dans la journée de mon sous off qui me collait comme une sangsue.

De temps en temps, comme je chauffais confortablement dans ma cagna, j'avais du monde, un autre sous off plutôt sympa, le chef aussi, un esprit assez amer et caustique, avec lequel je m'entendais très bien par sous entendu ... et c'était souvent mon sous off dont on se gaussait, lequel ne s'en apercevait même pas...

Le Lieut' de temps en temps passait aussi, pour la marche à suivre, s'assurer du matériel, bref, et il me dit un jour : ouh là vous chauffer à mort ici ...

Mais il restait car ici, il faisait meilleur que dehors ...

En fait ce camp de BITCHE, c'était une immense caserne, et plusieurs compagnies ou escadrons de régiments différents pouvaient y séjourner sans que cela apporte quelque trouble.

Les toilettes étaient bien tenues, mais pas très aménagés pour l'intimité : les portes des chiottes étaient de portes style saloon !

Bref comme d'habitude je baladais en manoeuvre la seule arme dont j'étais doté : une machine à écrire mécanique et portative.

Il me souvient de ce second séjour que des pelotons marchant au pas de course sous une pluie fine, des barraques en dur dans un immense terrain, un ciel gris ... et une nuit bleue qui tombait vite.

Nous repartîmes du camp par le chemin des écoliers.

Couchant le soir dans les foins d'un village boueux où nous apprîmes le matin, par la radio, la disparition du Général de Gaulle.
UN CERTAIN SOIR DE NOVEMBRE 1970

Puis nous repartîmes vers le Quartier.
Franchissant les Vosges et faisant une halte, des paysans vosgiens, à un col nous accueillirent chez eux et nous offrirent un petit verre d'alcool de myrtille, avec le café : c'était très sympa, et celà nous mit en forme.

On pouvait constater que dans cette Région, le prestige de l'Armée française était grand.
.....

La disparition du Général fit faire une pause à tout.

De retour au QUARTIER, une messe fut célébrée, service obligatoire, dans le Gymnase, régiment au complet !

Puis nous eûmes Quartier libre : nous allâmes alors dans la ville, dans les troquets où les postes de télé diffusaient l'enterrement du général, dont le cercueil avait été installé sur un EBR détourellé.

.
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2 février 2009 1 02 /02 /février /2009 00:18
Durant mon service militaire, un soir de Novembre 1970.

Mon escadron revenait de manoeuvre depuis Bitche et stationnait le soir à l'ouest du massif vosgien, dans un petit village, par une soirée froide et brumeuse, durant laquelle la lune montrait parfois sa mine glaciale, détachant sur le ciel bleu nuit le clocher du village et les toits des demeures qui entouraient l'église.

C'était la deuxième fois que nous revenions de ce camp de manoeuvre situé en Moselle, et qui était utilisé aussi bien par des régiments casernés en France, que de quelques uns, des FFA, stationnés donc en Allemagne fédérale.

Nous y avions passé une semaine et nous étions content de revenir à ALTKIRCH, au Quartier Plessier, pour reprendre le train train de la vie d'appelé, dans son casernement.

Je pris à mon tour la garde, pour deux heures, circulant entre jeep, camions ravitailleurs et engins blindés, avant de  transmettre mon tour à un succésseur, puis j'allais me coucher dans le foin d'une grange située dans le village.

C'était un village très frustre et les tas de fumiers empilés juste devant les fenêtres des demeures étonnaient plus d'un bidasse, indigène de la campagne du sud-ouest et habitué à une disposition plus hygiènique de ces déchets.


.......


Six heures du matin, le réveil ...

Un de mes copains, de Montesson, alluma comme à l'habitude son poste à transistors.

Grande surprise, la nouvelle se diffusait comme une traînée de poudre, et fut immédiatement communiqué au Capitaine par un Lieutenant :

- " Mon Capitaine, je vous informe que le Général de Gaulle est mort"

Le capitaine écarquillant les yeux répliqua immédiatement à son lieutenant de la répartie suivante :

- " Si c'est vrai Lieutenant, je vous paye un pot, si c'est faux, je vous fous au trou !"
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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 22:50
Donc, cette mi-septembre 1970 retour au Quartier , visite de Maman et d'Elizabeth, et retour au train train
de la vie de Caserne, la vie d'appelé bien entendu.

Je me souviens d'un sous officier d'un des pelotons, qui  abusait de son autorité .

J'eus moi-même l'occasion en août 1970 d'être dans son collimateur : c'était quelqu'un de peu causant
et qui avait la manie de brimer les appelés du contingent .

Ce n'était pas la tyrannie de mon sous off, au fond pas mauvais bougre et qui me menaçait parfois de me
virer pour me faire affecter à un peloton de combat quand j'avais l'audace de lui dire qu'il me faisait chier.
Mais qui après , oubliait tout ...
Non c'était plus inquiétant ...

Dans le peloton ou ce sous officier était affecté, c'était le summum et quelques uns de mes camarades de
l'escadron vivaient l'enfer.

Il s'agissait de harcèlement moral et d'abus d'autorité.
Particulièrement sur un appelé et cela se termina mal : celui-là fit plus que se révolter et fut mis au trou pour avoir frappé un supérieur : quand au sous officier, on ne le vit plus.

Ceci s'est passé je pense entre deux manoeuvres probablement en octobre 1970 .

Quant à notre camarade, j'eûs indirectement de ces nouvelles, par d'autres, suite à un stage de tir effectué par
les pelotons de combats dans un autre régiment où il avait été affecté.

.....


Un autre incident, beaucoup plus grave qui eût lieu, je crois à la mi-octobre , alors
que notre Escadron, le premier, était à nouveau de semaine régimentaire.

Je vous l'ai dit, cette semaine là les corvées générales étaient pour nous : nous devions fournir la garde, les
corvées de poubelles, la plonge au réfectoire, et aussi d'ailleurs certains autres services de l'ordinaire,
comme la discipline entre les tablées et celle de l'accès au  self, car il y avait la queue.

Il y avait le service de la Police Militaire à assurer : l'Escadron fournissait le véhicule, une Jeep, un sous
officier et deux appelés, dont un conduisant le véhicule : le but de cette Police  était de s'assurer que les
militaires en quartier libre, c'est-à-dire qui sortaient en ville une fois la journée terminée, ne jouaient pas les
trublions, et n'importunaient pas la population civile...

Donc un soir que nous étions Escadron de semaine, alors que j'étais dans le couloir près de notre chambrée,
j'entendis un véhicule, une jeep qui faisait sur le bitûme du Quartier, en face du Poste de Police, sous le
drapeau, des accélérations suivis de freinages puissants.

Je n'étais plus le seul à observer la scène depuis les fenêtres de notre escadron, tout le régiment désormais
regardait.


Nous reconnûmes bientôt au volant de la Jeep, notre lieutenant en premier, qui après ces accélérations et
freinages, descendait du véhicule et regardait la Jeep de loin, puis observant par dessous le train avant.

Des copains descendirent, pour voir et,
nous apprîmes que la Patrouille en ville avait eût un accident et que deux de nos camarades étaient blessés.


On disait aussi que : "la Jeep tirait à gauche, le Lieutenant en premier,  voulait en avoir le coeur net avant
de voir sa responsabilité mise en cause."

Dans le quart d'heure suivant, je fus convoqué au bureau du Lieutenant, avec mon sous off qui traînait par
là, n'étant pas chez lui puisque nous étions de semaine ...

La soirée serait longue et ne manquerait pas de rebondissements.

...

J'étais convoqué pour rédiger le rapport de l'accident : ce rapport devait être le récit des évènements par le
pilote de la Jeep.

Le premier rapport établi , version du pilote titillait le Lieutenant car il était en contradiction avec le
comportement du véhicule, tel qu' il ressortait après les essais sur le macadam du Quartier.

Cependant l'accident était grave, car un véhicule civil et ses deux occupants avaient été gravement
accidentés.

La première version du rapport interne d' accident fut  que dans un virage, le pilote de la jeep s'affolant
freina, et donc que cette dernière fut déportée sur la gauche, entrant en collision avec la voiture en face.

Mais cette version ne tenait pas, ayant été prouvé juste après, au sein du Quartier que la Jeep ne tirait pas
du tout à gauche au freinage.

D'autre part, le conducteur commençait à avoir l'habitude de la Jeep, et on ne voyait pas pourquoi il se
serait affolé.

Après beaucoup d'interrogations, le pilote avoua que, le sous off de patrouille, jugeant que tout ça n'allait pas assez vite appuya avec son pied gauche sur l'accélérateur de la Jeep, provoquant son déport dans le virage.
 
Le Lieutenant avait vu juste ...
 
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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 02:56
Après ces premières corvées régimentaires, une sorte de routine s'installa, la routine de la vie de caserne, faite pour moi d'un travail de bureau, où j'avais quand même à subir l'autorité tyranique d'un maréchal des logis engagé, plus jeune que moi et qui pour comble n'arrêtait pas de dégoiser sur l'armée, qu'il avait bien envie de quitter.

Sinon j'avais rapidement fait connaissance avec mes nouveaux camarades du 1er escadron, surtout ceux de mon peloton, évidemment.

Un était de Montesson, ville pas très éloignée de Nanterre, environ 6 kilomètres, et il était Jockey dans la vie civile.

Un autre de Pantin, les autres de l'Essonne, surtout des environs de Monthléry.

Dans les autres pelotons, du même contingent que le mien, aussi beaucoup de bordelais , quelques auvergnats des lyonnais et des savoyards, un de Dordogne, un autre de Pau etc ... 

Bien que de différents pelotons, à force de nous croiser dans les couloirs entre les chambrées, à l'appel du matin et au rassemblement du début d'après-midi, nous finissions par nous connaître et l'entente était bonne.

Le soir, après le repas, nous allions souvent au foyer qui était la plupart du temps plein à craquer.

Ce local était une sorte de troquet interne à la caserne et qui était acollé à l'aile droite des cuisines.

On y servait surtout des bières en bouteille, de la marque Colmar Pils et je connais plus d'un hussard qui y pris de mauvaises habitudes !

Et il y avait parfois des bagarres dues à une prise excessive de bibines !

Si l'on allait pas au foyer, on restait à la chambrée ou bien l'on sortait en ville.


Il fallait être rentré de toute façon à 22 heures, pour l'Appel, fait le plus souvent avec la supervision de l'Officier de semaine et d'un sous off.

Après, extinction des feux, sonnerie de routine au clairon, depuis le devant de la Place d'Arme, sous le drapeau, près du Poste de Police.

Le chef de chambrée était un brigadier chef , appelé comme nous, et promu à ce grade par le Lieutenant en premier, commandant notre peloton.

Progrès oblige, une dérogation avait été instituée pour certains à l'heure de l'extinction des feux : un programme télé intéressant, débordant sur cette heure limite avait entraîné le Colonel, chef du Régiment a décrété que les téléspectateurs pouvaient regagner plus tard leur escadron respectif.

Début septembre, je reçu d'Irlande des nouvelles de mon frère Patrice : il faisait une balade là bas et, avait comme compagnons de route des américains, dont au moins un était déjà un vétéran du Vietnam ; il se liat d'amitié avec un couple de Suédois, qui plus tard l'invita à venir dans son pays.

Ces mêmes jours nous apprîmes la mort subite du grand acteur Bourvil, en même temps que en Jordanie, le roi Hussein menait une action militaire contre les Palestiniens, donnant naissance involontairement au mouvement septembre noir.

....

Ce même mois de septembre 1970, notre Escadron partit en manoeuvres, pour BITCHE, ville fortifiée par VAUBAN et qui est située sur la célèbre Ligne Maginot.

BITCHE est un vaste camp de manoeuvres juxtaposé à la frontière franco-allemande, en Moselle.

Pour préparer ce départ, l'Escadron se leva tôt par un matin déjà frisquet d'une nuit claire ...

Les pelotons de combats avaient amené leurs engins , les EBR qui étaient alignés sur la Place d'Armes et les équipages chargeaient les matériels qui étaient fort nombreux : je ne pourrai pas les énumérer, sinon que j'entendais souvent parler des épiscopes, sorte de périscopes circulaires permettant aux chefs de chars de voir à l'extérieur sans prendre le risque d'émerger de la tourelle.

Des jeeps , celle du Capitaine, du Lieutenant en premier, en tête, et intercalées.

Le Berliet bourré de Jerrycans

L'escadron comprenait donc 3 pelotons de combat, 1 Peloton de Commandement , le PC dépendant directement du Capitaine, et le peloton d'échelon assurant la maintenance au niveau de l'escadron, des matériels.

Tout ça partait en manoeuvre, avec les armes.

Je m'empressais d'aller au réfectoire avant de partir, tartines beurrées, café au lait, confiture, je fus paré.

Moi j'embarquais dans le Berliet que nous fournissait l' Escadron de commandement et de services (ECS) : un camion, bourré jusqu'au trognon de jerrycans de carburant pour ravitailler les EBR, très gourmants.

Le chauffeur aussi était fourni.

Il avait été formé, comme beaucoup de "pilotes" et aussi les conducteurs de Jeeps à la "FRAC" (formation rationnelle accélérée des conducteurs).

Et il n'était pas dis que beaucoup de permis militaires seraient validés pour la vie civile !

Les conducteurs d'engins eux avaient été formés à l'issue des classes durant un stage d'un mois au Centre d'Instruction Des Blindés, à Carpiagne, près de Marseille.

Le capitaine donna l'ordre du départ, bras levé, et l'escadron sortit du Quartier pour de nouvelles aventures !

Nous partîmes plein Nord, remontant la plaine d'Alsace, dépassant Colmar et Sélestat, puis obliquâmes sur la gauche, prenant la direction de Saverne : nous gravissions alors les Vosges et le temps était très beau.

Il faisait si beau que, arrivé au sommet d'un col, nous pûmes voir dans le sud lointain, les sommets enneigés des Alpes.

Une critique que j'entendis souvent est que les engins ne sortant pas assez et n'exprimant donc pas leur plein potentiel, finissaient par tomber  en rideau.

Sur notre chemin, bien avant d'aborder les premières pentes du massif vosgien, nous doublâmes un EBR, temporairement immobilisé par une panne.

En milieu d'après midi nous arrivâmes à BITCHE, par beau temps : nous pénétrâmes dans ce camp, parsemé de bois de pins, lieu bien sur désert, et l' Escadron s'installa  dans une prairie , une terre ocre rouge, des pins vert, un ciel bleu.

Auparavant, avant de trouver notre lieu de campement définitif, nous nous arrêtâmes, à un endroit du camp, et nous en pofitâmes pour casser la croûte.

Il faisait chaud et la fenêtre de la cabine du bahut était ouverte, j'étais avec mon MDL quand soudain, un énorme frelon rentra dans la cabine : il venait d'Allemagne et portait une croix de Malte en surinpression sur  l'hymen de ses ailes.
Mon MDL, affolé se réfugia dans mes bras, en me disant qu'il avait horreur, une sainte horreur de ses animaux, surtout allemand : en effet c'était un Vespa Crabo Germanicus.
Alors m'inspirant des faits d'armes glorieux et légendaires de notre Valeureux Régiment, je défis en deux parties, à coup de casque lourd le tudesque hyménoptère.
Bien que sectionné en deux parties égales, l'odieux animal gigotait encore, le tronc et la tête,  séparés de l'abdomen , reposant sur la partie plate du tableau de bord , et il semblait faire un discours comme ceux que pouvaient entendre nos voisins d'outre-rhin avant la dernière guerre.

Nous faisions du camping et chaque hussard amenant son barda possédait la moitié d'une tente et nous devions une fois qu'elle fût assemblée y dormir à deux alors qu'elle auraît été faite dans la vie civile pour une seule personne.

A l'écart, un chiotte de campagne isolé de la communauté par un carré de toile de jute maintenu par des piquets attenait à la forêt de pins.

Prudent, mon camarade de chambrée improvisé et moi-même dressâmes notre tente sur une petite butte, puis creusâmes autour, avec la petite pelle godet faisant partie du bardat, la rigole réglementaire au cas où la pluie viendrait.

....

A six heures, du matin réveil ! sous l'action combinée des cris gaillards du premier peloton et de son lieutenant, un vrai meneur d'homme qui voulait en faire le meilleur peloton du régiment, et, de la pluie ...

Beaucoup de tentes étaient trempées, et les affaires, inondées.

Quand à nous deux, qui avions eu la bonne idée de nous installer sur une butte, nous n'avions pas eu à en souffrir : on prit modèle sur nous : nous passâmes pour des lumières !

....

Il faut que je vous dise, quelque chose que j'avais oublié et qui me revient en mémoire, mais indispensable à savoir cependant, c'est que,  à l'issue des classes, ceux qui devaient-être des pilotes d'engins et des tireurs passèrent un mois de formation au CIDB de Carpiagne, près de Marseille.

Donc pendant tout le mois de juillet, durée de la formation, l'Escadron fut à effectif réduit, et l'activité, réduite.

En août, nous vîmes revenir nos camarades  amaigris, bronzés et l'air assez fatigué.

Après quelques sorties sur le terrain en août, et une permission, le départ en manoeuvres devait confirmer et valider la formation de ces nouveaux effectifs.

Cependant, plusieurs régiments étaient simultanément présents sur ce vaste camp de manoeuvres et je crois que les différentes activités étaient tributaires de ça : nous eûmes ainsi droit à la visite d'un char AMX 30 d'un régiment cuirassé : nous pûmes ainsi constater sa vitesse, sa mobilité, et le relatif silence de son moteur, plus discret que celui des EBR.

Pendant cette semaine de manoeuvres, nous jouâmes à la géguerre, dans des chemins, des bois, des creux et des bosses, avec nos cartouches à blanc, et j'appris l'art du roulé boulé le fusil à la main, etc ...

A l'heure de la soupe, nous mangions lorsque la roulante déléguée par l'ECS venait nous amener la bouffe.

C'est au cours de ces manoeuvres que j'assistai un jour à toute une série de tirs réalisée par les EBR, dans le cadre de l'entraînement des nouveaux équipages.

Tirs effectués avec des obus sans charge, mais traçants, des obus de couleur bleue : les cibles devaient être à 600 mètres et étaient une dizaine de grands panneaux d'environ deux mètres sur deux.

Les EBR étaient positionnés sur une butte à l'abri de quelques grands pins, et sur ordre du Capitaine le tir commença, engin après engin : le chef de char commandant à son tireur de faire feu.

Le bruit était formidablement assourdissant et la trajectoire de l'obus était rendue visible car c'était des obus traçant laissant une traînée orangée derrière eux : et de visus l'on constatait l'inévitable loi de l'attraction universelle qui rendait la trajectoire de l'obus, courbe, d'où la hausse du canon.

Le capitaine regardait les cibles à la jumelle et commentait franchement, sans détour, de son accent du Sud-Ouest,  la qualité du tir.

Le tir fini, le Lieutenant, le Capitaine, un sous off et moi grimpâmes dans la Jeep pour se rapprocher des cibles, alors que les EBR rentraient au campement : ils ne risquaient plus de tirer, ils étaient partis.

Le terrain était très irrégulier et la jeep bondissait sur les bosses, s'enfonçait dans les creux, et il fallait s'accrocher pour ne pas tomber, vu que la Jeep n'a pas de portière.

C'était Le Lieutenant, le Lieut' comme on l'appelait, qui conduisait.
Visiblement il en avait l'habitude  et savait rouler dans ces conditions difficiles.

....

Après cette séance, le peloton échelon dont je faisait partie dût faire un exercice de tir à la mitrailleuse de 12,7, la fameuse MIT 50, d'origine américaine, qui ornait souvent le toit des Berliets, montée sur un affût circulaire.

Les cibles étaient les mêmes que celles utilisées pour le tir des EBR, mais nous n'étions pas placés au même endroit, mais la distance était à peu près la même.

Cette arme avait la propriété de pouvoir tirer, soit en rafale, soit au coup par coup : nous utilisâmes les deux modes.

Il fallait faire d'abord un tir de barrage, puis ensuite un tir à la cible.

Le lieutenant observait les cibles et annonçait les résultats : mes tirs furent assez bons. L'arme montée sur un grand trépied, comme un téléscope était assez imposante et pouvait avoir un tir efficace à plusieurs kilomètres.
Je me suis laissé dire que l'on pouvait retrouver un de ses projectiles jusqu'à six kilomètres.

....

Puis les manoeuvres prirent fin : un matin dans ma tente je fus encore réveillé de bonne heure par la visite d'un rat venu se promener dans ma maigre tignasse !
Comme d'autres copains l'avaient vu aussi, nous appelâmes cet animal curieux Gaspard.


....

Le soir même de notre retour de Manoeuvres, arrivé au Quartier, j'eus la surprise d'avoir la visite de Maman et de ma soeur Elizabeth qui faisaient une balade : je m'habillais dans ma tenue d'hiver effective depuis notre retour et nous allâmes dans un restaurant pas très éloigné du Quartier où j'eus la surprise de reconnaître la voix de mon Capitaine d'escadron, qui était installé à une table voisine.

Je le saluai et fis les présentations.

Courant octobre, le Régiment, organisa une course de cross country dans la campagne et les bois du Sundgau : le Challenge Rapp.
Tout le Régiment, y compris les gradés, devait y participer.
Soit un total de 800 hommes.

Je ne craignais pas cette course, étant endurant, bien que je n'étais pas une flêche : de plus, depuis juillet 1969, j'avais pris l'habitude de faire le matin dans mon quartier une course de décrassage, d'environ quatre kilomètres.

Au Régiment, il y avait des pointures dans ce domaine : nous avions au quatrième escadron un champion d'Ile-de-France qui continuait son entraînement tous les jours, et Le Lieutenant, responsable de la Fanfare, qui était un athlète de première force.

Ce fut donc eux, les deux premiers de cette course difficile, un cross de 7 kilomètres, quant à moi, je me classais quand même 155 ème.

Beaucoup abandonnèrent, crachant leurs trippes au bord du chemin.

Au classement par Escadron, ce fut le premier Escadron, le mien, qui remporta la palme.

Plus tard, en avril 71, notre Escadron eût cette fois l'occasion de remporter le challenge organisé à l'occasion de la Saint-Georges.

.
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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 02:07
Durant tout ce mois de juin et début juillet je recevais régulièrement du courrier de Maman, Papa et de ma soeur Elizabeth.

C'est ainsi que me fut annoncé la réduction de la durée du service militaire qui passa en cinq semaines de 16 mois à un an.

C'est ainsi que nous vîmes partir à moultes reprises toute une cargaison de libérables, qui étaient ravis de voir la durée de leur service écourtée.

Cela me fait me souvenir du départ d'une classe, début juillet 1970, qui se trouva retardé.


Nos libérables sur le point de partir, sac de voyages et valise au pied furent immobilisés à l'intérieur de la Caserne, alignés en rang d'oignons . ..

J'en connaissais une partie depuis quelques jours car nous, la plupart des bleus avions été  affectés au premier escadron dont ils étaient issus.


En effet chaque escadron était composé de deux classes de 6 mois d'intervalles, de manière à ce que les anciens forment les nouveaux affectés, après leurs classes, ainsi les bleus devenaient à leur tour les anciens, etc ...

Mais revenons donc à nos libérables alignés en rang d'oignons :  nous vîmes arriver la Gendarmerie et une fouille des bagages fut effectuée, scrupuleusement.

Y avait-il eu un vol ? nous n'en savions rien, et nos supputations restaient sans réponse !

Puis nous vîmes partir une Jeep, avec à bord un officier, un sous off et un hussard.

Un certain temps après la jeep revînt, et, les libérables furent enfin rendus à la vie civile...


Et nous sûmes le fin mot de l'histoire.

Le matin même il y avait eu à Hirtzbach une séance de tir au pistolet.

Au retour des armes à l'armurerie, il fut décompté qu'il en manquait une  : et l'on soupçonna qu'un libérable l' avait volé , d'où la fouille !

Mais finalement les gendarmes n'ayant rien trouvé, il fut décidé d'aller vérifier au champ de tir si l'arme n'avait pas été égarée : elle fut retrouvée effectivement,  dans l'herbe.


......

Je reviens vers la période de fin juin où nous fûmes mis en alerte.

Ces alertes par définition arrivaient par surprise : une brusque tension internationale, une guerre imminente la justifiait.

Notre mission  : aller chercher des caisses d'obus au dépôt de BELFORT.

La plupart d'entre nous pensions que cette alerte bien qu'émanant de l'Etat Major n'était qu'une simulation, quoique certains qui se la jouait un peu se voyait déjà en mai 40 où je ne sais encore ...

Nous y allâmes en camions : les dépôts de grosses munitions étaient situés dans d'énormes casemates en béton à moitié enfouies dans le sol et le dessus de ces bâtisses étaient engazonnés.

Là durant une heure, dans la chaleur et l'humidité, nous chargeâmes des caisses humides, poussiéreuses et lourdes dans nos Berliets.

Puis quand tout fût prêt, la fin d'alerte nous fût signifiée, et il fallut tout décharger.

.....


A la fin de mes classes je fus affecté au premier escadron, comme la plupart de mes camarades.

Mais j'eus la chance de me retrouver secrétaire d'échelon : c'est à dire qu'au lieu d'être affecté, comme la plupart de mes copains dans un peloton de combat, moi je serai dans un bureau, tapant des rapports divers,   au niveau de l'escadron, pour le compte du Lieutenant en premier, véritable capitaine en second.

Ce travail consistait entre autre à recenser l'état de marche des véhicules des différents pelotons de l'escadron, décider des réparations et du niveau des réparations, soit du ressort de l'atelier régimentaire, soit du ressort des ateliers plus pointus de BELFORT.

Il en était de même en ce qui concerne l'armement qui était à l'armurerie.

Bref tout un travail de secrétariat en rapport avec l'administration de l'escadron.

J'étais affecté à un peloton spécial : le peloton baptisé échelon et mes copains de chambrée étaient peu nombreux et étaient des mécanos automobiles ou électriciens automobiles : ils s'occupaient de l'entretien courant des engins, camions et jeeps de l'escadron.

Comme par hasard, lorsque nous fûmes affectés à cet escadron, ce dernier fut désigné comme escadron de semaine : c'est-à-dire que pendant une semaine, le premier escadron était responsable de  toutes les besognes régimentaires pour tout le QUARTIER.

La Garde, la tenue du poste de police, les poubelles, l'entretien des abords, la plonge à la cantoche, et les patrouilles militaires en ville, tout ça, pendant une semaine, c'était pour notre pomme.

....

C'est ainsi que ma première semaine au premier escadron fut très agitée.

Je dûs faire le serveur au Mess des officiers, servir ces dames et ces Messieurs, habillé en serveur, revêtu d'une veste blanche, et il y avait le Préfet du Haut-Rhin !

Il y eut quartier libre, et j'allais avec mes copains à la piscine d'ALTKIRCH, et je me chopai un magnifique coup de soleil.

Le soir et la nuit j'étais de garde, avec des intervalles de deux heures, ma tenue collant sur mes coups de soleil et le poids du fusil (c'est lourd ces engins là).

J'eus le bonheur d'avoir, le lendemain après midi même, Papa et Elizabeth qui vinrent me voir à ce moment là, et celà me fit le plus grand bien pour le moral.

Enfin, je savais désormais que mon Service ne durerait qu'un an, et d'autre part mon affectation me semblait des plus pépère et mes copains, dont certains, des anciens étaient des "pays" à moi, tout cela me procurait un repos mental après ce mois et demi de classes ...


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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 22:37
Un de mes souvenirs les moins réjouissants de la période de  ce que l'on appelle les classes fut le parcours du combattant, où notre lieutenant instructeur ne tarda pas à nous emmener.

Là je ne tardais pas à retrouver mes sentiments d'angoisse et d'infériorité que j'avais éprouvé aussi bien à l'école qu'au lycée, lorsque nous avions éducation physique.

Ce parcours du combattant, parcours d'obstacle divers, permet de mobiliser l'ensemble des capacités physiques, rapidité, souplesse, force, adresse.

Il fallait tour à tour grimper en haut d'un mur, sauter, puis sauter dans une fosse de deux mètres, puis en sortir, ramper sous des barbelés, courir sur des plots comme sur des cailloux affleurant d'une rivière etc ...

A la première prise de contact avec chaque obstacle, le lieutenant, maître dans cette épreuve, nous faisait une démonstration et nous donnait des conseils, puis , nous devions à notre tour passer l'épreuve sous les yeux du peloton entier.

Je fus mauvais partout, et même franchement nul lorsqu'il s'agit de faire un soleil sur une poutre située à quatre mètres du sol, après avoir gravi une échelle de corde qui permettait d'y accéder.

Bref un manque total de confiance en moi.

Mais aussi un manque de force, essentiellement dans les membres supérieurs et le torse, manque de biceps, de pectoraux, d'abdominaux.

Ce parcours, pour moi qui devint une sorte de calvaire à chaque fois que nous devions le faire, nous y allâmes cependant pas très souvent.

Son trajet n'est pas visible sur la photo du précédent article : il serait situé à gauche du dernier bâtiment en tôles de l'atelier régimentaire.

Néanmoins, de la part de mes camarades de peloton, je n'entendis aucune moquerie et plutôt de la compassion.

Dans les premiers jours aussi nous dûmes, un jour nettoyer "nickel" comme l'on disait les vitres de l'escadron, avec l'arme suprême du bleu, le rouleau de papier à chiotte et le glaviot.

Une fois que celà était fait, un maréchal des logis passait, payé sans doute par la concurrence, et passant le doigt sur les vitres hurlaient : "Qu'est-ce que c'est que ça, c'est dégueulasse ! continuez à nettoyer, je veux que ce soit nickel !".

Et l'on recommençait, plutôt on continuait ! et puis brusquement, ça allait comme par miracle !

On nous emmena au tir aussi : tir au fusil sur cible fixe.
Après distribution à travers les grilles de l'armurerie des armes, nous allâmes pour cela en pleine forêt de HIRZBACH, dans une clairière très allongée, légèrement en pente.
Elle devait faire au moins 500 mètres de long.

A l'issue d'un voyage en camion d'une dizaine de minute, nous débarquâmes dans la clairière, et nous vîmes, alignées comme les futures victimes d'un massacre, nos cibles, décorées de cercles concentriques.

Tandis que nous arrivions, nous assistions à un tir d'entraînement d'un peloton d'un escadron d'anciens : le vacarme était assourdissant et me revînt en mémoire les salves de tir au fusil que j'entendais depuis mon jardin de NANTERRE, qui résonnaient depuis le Fort du Mont-Valérien.

Là, comme pour mes copains, point d'appréhension de ma part, plutôt une sorte de curiosité un peu effrayée, mais un certain intérêt quand même.

Je pense que les cibles étaient à une cinquantaine de mètres de l'endroit où, couché, nous devions tirer.

Avant ce premier tir, on nous enseigna le rûdiment du maniement de cette arme, le fusil MAS56 (Manufacture des Armes de Saint-Etienne, année 1956).
C'était un fusil semi-automatique, le réarmement se faisant automatiquement après chaque tir, tandis qu'auparavant l'étui (la douille) avait été éjectée : tout ceci par action d'une partie des gaz.

Nous avions droit à cinq balles, nous nous mîmes en position après nous être fait répéter les consignes élémentaires de prudence : ne pas se retourner avec l'arme, et en cas d'incident, lever la main en criant incident de tir !

Il fallait commencer à tirer quand l'officier responsable du tir hurlait l'ordre : "commencer le feu !"

Si de loin le bruit du tir était assez fort, lorsque l'on tire soi-même, le bruit est si fort qu'il vous assourdi complètement et cette odeur de poudre assez particulière, douce amère comme une peau d'orange métallisée.

Une fois le tir terminé, il fallait "ramasser les étuis" : cinq par tireurs, pour s'assurer qu'aucune balle non tirée se balade dans la nature.

Ensuite poser l'arme au sol, et enfin nous "allions au résultat".

Nous devions nous mettre chacun devant notre cible et attendre que l'officier responsable du tir note notre résultat.

Pour mon premier tir je réussi à mettre mes cinq balles, mais très réparties dans la cible, aucune dans le mille.

Une fois qu'un groupe de dix tireurs avait tiré, il fallait attendre que les groupes suivants aient tiré aussi.

Tandis que les autres finissaient de tirer, nous nous échangions, les uns les autres nos premières impressions et nos performances respectives.

A la fin de la séance, notre lieutenant nous fit une démonstration de tir, mais du fond de la clairière, soit à 400 mètres : il fit mouche à tous les coups.

Puis de retour au Quartier, en camion, où nous dûmes procéder au nettoyage des armes, avant de les restituer en bas, à l'armurerie.

Ce nettoyage d'armes, jusqu'à temps que "l'arme soit nickel" que l'âme du canon brille comme un miroir, que la culasse soit nickel, puis graissée ... bref

Des tirs comme celà nous en fîmes plusieurs, aussi des tirs au pistolet mitrailleur  et  au revolver.

Pendant ces classes je fis aussi un tir à la mitrailleuse de 7,62.

....

En dehors de ces séances de tir, ce parcours du combattant cauchemard, il y avait aussi l'apprentissage de la marche au pas, du "présentez armes"
suivi du "repos ! vous pouvez fumer !"

Ces derniers exercices, faits et refaits, aussi au rythmes de chants militaires que l'on nous apprenaient, aux paroles assez niaises ...

A la fin des ces exercices, qui duraient très longtemps, la journée était finie et nous rentrions à l'escadron.

Pour nous relâcher, il fallait rompre les rangs après les derniers claquements de rangers en hurlant " Hussards ! "

Et tout le monde, comme un troupeau de veaux soudain en furie, se précipitait dans l'entrée de l'escadron pour monter à la chambrée ...

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 17:37

Après avoir quitté la fac, fin février 1970, car j'en avais ras-le-bol de l'ambiance, je résiliai mon sursis et décidai de travailler en attendant l'appel sous les drapeaux.

A l'époque ce n'était pas difficile de postuler pour un emploi et je commençai à travailler début mars dans une compagnie d' assurance, la PATERNELLE, qui allait devenir plus tard le Groupe de Paris  : un petit job où je n'utilisais même pas mes compétences professionnelles.

Je me souviens que dans les premiers jours de mars 1970, donc à cette époque, il y eut, dans la Région parisienne une chute de neige record qui paralysa une partie du  trafic ferroviaire de la gare Saint Lazare, l'amoncellement de neige sur les caténaires ayant provoqué leur rupture.

Cependant cela ne m'avait pas posé de problème, puisque les lignes de Saint-Lazare desservant NANTERRE ou SURESNES (j"avais le choix du fait que j'habitais au sud de NANTERRE) étaient alimentées par le système du troisième rail électrique.

De mars 1970 à fin mai, je travaillais donc dans cette compagnie d'assurance, sans problème, me fis quelques copains et copines, des collègues de  travail.

A la fin avril, je dûs faire mes trois jours à la Caserne du Maréchal de Saxe, à BLOIS.

Ces trois jours duraient en fait un jour et demi, avec une seule nuit passée à la Caserne.

Une batterie de test de tous niveaux et  une visite médicale où je faillis être dispensé de service (le toubib qui m'examina dût demander l'avis d'un autre de ses collègues dans une salle voisine).

Au moment de ce doute, émis par le médecin militaire, j'avais la possibilité de mettre mon avis dans la balance, mais je n'ai pas voulu, je crois cependant que j'aurais dû.

A la mi-mai 70, je reçu ma feuille de route : je devais me rendre, pour le 2 juin au 8ème Régiment de Hussards, quartier Plessier, à ALTKIRCH, dans le Haut-Rhin.

La journée précédent mon départ, le 1er Juin, je la passais avec Maman, l'accompagnant dans ses services.

Ce jour là à PARIS, il faisait beau, un soleil légèrement caché par une douce nuée carressante.

Nous étions au bout des Champs Elysées, et sur la Seine, des pompiers se cramponnaient à une lance à incendie, pour la tester.

La nuit je ne dormis que d'un oeil, j'étais inquiet de ce premier contact avec une nouvelle vie qui allait m'accaparer pendant un certain temps.


Nous partîmes le matin, Maman m'accompagnant à la Gare de l'Est.

Je montai dans le train à quai : peu de monde, sinon quelques jeunes gens et nous fîmes rapidement les uns et les autres, connaissance : oui, nous allions bien au même endroit, nous étions appelés à passer un certain temps ensemble.

Je dis au revoir à Maman, qui je crois en avait gros sur la patate : cela me fit de la peine pour elle, de sentir l'appréhension qui la gagnait.

Puis encore un dernier au revoir, à travers la vitre cette fois : mes nouveaux amis le remarquèrent et cela les toucha aussi.

Le reste du voyage se déroula convenablement, et nous discutions ensemble les uns avec les autres, et cela nous réchauffait le coeur : il y avait parmi nous le boute en train inévitable : il était petit et curieusement évoquait par son aspect  le chanteur Charles AZNAVOUR.

Celui dont je me souviens le plus, c'est Bernard D......, qui était du PLESSIS-ROBINSON, que je rencontrerai à nouveau plus tard, après l'armée, par hasard, et qui plusieurs fois me fit parvenir ses voeux et dont je viens d'apprendre le décès  à la mi octobre 2008.

Après un long voyage, nous arrivâmes à BELFORT.

Là, nous dûmes descendre du train pour prendre l'autorail : ALTKIRCH était à un peu plus de trente kilomètres de là.


La gare de cette ville du HAUT-RHIN était en vue et ce que je remarquai de suite c'était l'aspect des toits de la ville : ceux-ci n'étaient pas rouges, mais vert de gris.

Je ne tardais pas à comprendre le pourquoi : il y avait à ALTKIRCH une importante cimenterie qui diffusait dans l'environnement une fumée blanche, bourrée de poussières qui se déposaient sournoisement un peu partout.

Nous descendîmes de l'autorail et à la sortie de la gare, un comité d'accueil d'un brigadier et un maréchal-des-logis nous attendait : là, on nous ordonna de monter dans le Berliet bâché qui nous attendait, nous la dizaine de bleus.

Bon,  embarquement : là le camion nous emportait, et ormis le bruit du moteur, nous ne pipions mots !

Il faisait beau et les feuilles des arbres d'un joli vert brillant sous le soleil et s'agitant sous la brise me semblaient déjà étrangères, étrangères à l'ambiance de prison dans laquelle je commençais à me sentir enfermé : en fait je n'en menais pas large.

Le camion s'arrêta après être rentré au quartier : on nous fit descendre et, sautant de haut, je perdis l'équilibre et tombai sur le bitûme de la caserne ...

Premiers propos aimables entendus alors ...

Ca commençait bien !


  Carte postale que je fis parvenir à mes parents au début de mon Service, représentant
le Quartier Plessier à ALTKIRCH. (cette vue figure également sur le site internet du Régiment).


Au centre, la Place d'Armes , et les deux petits bâtiments devant sont :

-  à droite le Poste de Police avec des soldats en faction, dont un clairon,
chargé de sonner les routines (réveil, les couleurs, la soupe, et l'extinction des feux).
- derrière, dans le prolongement, le Mess
- à gauche le salon d'accueil où attendaient les familles rendant visite à leur appelé de gamin,
et l'infirmerie dans le prolongement des chambres de sous officiers engagés.



Presque à l'extrème gauche, le Gymnase ressemblant à une halle avec son grand toit.

Autour de la Place d'Arme 3 grands pavillons : sur la gauche abritant le 1er et le 4ème escadron,
au centre abritant l'Escadron de commandement et de services (ECS), et sur la droite abritant
le 2ème et le 3ème escadron.

Derrière l'ECS, juste derrière donc, le réfectoire et les cuisines, et à gauche du réfectoire, à lui accolé,
le foyer, très fréquenté le soir, qui délivrait, outre des boissons, des sandwiches.

Au fond à gauche, des bâtiments en tôle : les ateliers régimentaires, pour l'entretien jusqu'à un certain
niveau de compétence des EBR, mais aussi des camions et Jeeps équipant le Régiment.

Au fonds à droite, également des bâtiments en tôle : les garages des escadrons où étaient les EBR,
les camions , les Jeeps bénéficiant de la maintenance au petit niveau du 1er échelon de
réparation et d'entretien au niveau de l'Escadron.

C'est souvent derrière ces bâtiments que s'entraînait la Fanfare du Régiment.


Au delà du Quartier, une voie ferrée, et la campagne.

Sur la gauche, des bâtiments en construction : sans doute des logements pour
les sous off engagés.

Cette vue date certainement d'avant 1970 car quand je suis arrivé, le terrain de sport était aménagé et les
bâtiments en bas à gauche étaient achevés et habités.

Il y eut d'ailleurs fin juin 1970, lors de l'opération porte-ouverte un concours de Jumping car plus d'un officier
taquinait le cheval.

En 1993, l'Armée a vendu le Quartier au privé, et elle abrite maintenant
des commerces et des activités diverses.

Le Régiment est depuis cette date, dissout.

La reconversion de l'endroit, semble être une réussite et est souvent citée comme
exemple par la presse.




Puis on nous emmena derechef là où j'apprendrai que c'est le bureau de semaine du 4ème Escadron : là "quelqu'un" en uniforme enregistrait nos noms, en vérifiant je suppose que nous ne nous étions pas trompés de casernement.

Un sous officier passant, fit des remarques sur la coupe de cheveux de certains ... on nous fit déposer nos bagages dans notre chambrée meublée avec des lits métalliques emboités deux par deux l'un sur l'autre, et d'armoires métalliques.

Là nous fîmes connaissance avec nos deux gradés instructeurs, ceux qui pendant un mois et demi allaient nous initier au minimum de la vie militaire : ce que l'on appelle "les classes".

Ces deux gradés instructeurs étaient en fait des appelés comme nous, mais affectés à cet emploi, du fait de leurs qualités particulières j'imagine.

Il y avait un Maréchal des Logis, qui avait un nom CORSE et qui ressemblait à John CASAVETTES , et un brigadier chef, qui était de NANTERRE, qui s'appelait MARCHAL et que je connaissais de vue (le monde est petit), je pense que je l'avais vu au Patronnage des Fontenelles, et peut-être fût-il en colo à Saint-Sylvain avec moi.

Ils nous firent plutôt bon accueil, et après une demi-heure passée à faire connaissance et à les écouter, ils nous amenèrent chez le fourier, afin que nous soyons équipés de nos différentes tenues (tenue de sortie d'été, tenue de sortie d'hiver, deux tenues de tous les jours constituées par des treillis usagés, une paire de pompe de sortie, une paire de rangers, une paire de tennis pour le sport, un treillis satiné pour les fêtes et les défilés, un ceinturon, un béret noir avec un écusson métallique de Saint-Georges,  le quart en alu et les couverts : j'en oublie certainement).

Après avoir fait la queue pour avoir ces choses, retour à la chambrée pour les y déposer, et se vêtir.

Une fois ainsi vêtu, en tenue d'hiver (l'ordre n'avait pas encore été donné de passer la tenue d'été), on nous intima l'ordre d'aller au gymnase, où le lieutenant de notre peloton nous attendait de pieds fermes.

Son accueil ne fut pas tres amical, et il commença à nous prendre en mains, nous donnant l'ordre de passer, demain après l'appel, chez le coiffeur.

Cependant par la suite nous pûmes constater qu'il était en fait très sympathique.

A l'époque, j'avais les cheveux courts, et le passage chez le coiffeur, ne me changea guère.

En revanche, beaucoup d'autres sortirent de cette épreuve, méconnaissable, presque tondu, et nous eûmes du mal à en reconnaître plus d'un !

Le salon de coiffure du Quartier était situé à l'entrée, près du poste de garde, là où se tenait également la prison "le trou".

Le lendemain peut-être, on me fit remarquer au réfectoire, qu'il n'était pas dans la tradition de la Cavalerie de porter un bouc, ornement masculin que j'avais depuis environ un mois : j'obdempérais et me le coupais donc.

Deux ou trois jours après, nous eûmes la visite d'incorporation : l'infirmerie, local où officiait le Major, grade qu'avait le Toubib du Quartier, était situé de l'autre côté de l'entrée de la Caserne, après la salle de visite, en vis à vis du poste de police.

Là on nous fit une prise de sang : groupe A.

Le Major qui ressemblait à Henri TISOT sortit un document me concernant, en provenance de la Mairie de NANTERRE, et à la grande surprise amusée de tous,  nous constatâmes que ce papier avait été à moitié consummé par les flammes.

Je ne dis mot mais je me souvins qu' un début d'incendie volontaire, dont l'auteur avait été identifié comme étant un jeune de mon quartier du Mont-Valérien, avait eu lieu peu-après les évènements de Mai 68.

Le Major me déclara que, comme cela venait du berceau de la révolte estudiantine ça ne l'étonnait pas beaucoup.

Quelques jours après, nous eûmes un entretien d'affectation où plusieurs gradés nous jaugeaient physiquement et intellectuellement et décidaient de notre emploi dans les pelotons de combats.

A cet entretien je donnais mon avis que l'on me demandait sur l'utilité de l'Armée au Lieutenant GHIRINGHELLI à qui j'eu l'honneur de parler : je lui déclarai que "l'Armée ne devait pas être un instrument d'oppression, mais de Défense, indispensable en cas d'agression étrangère" : il sourit en m'approuvant du chef, ainsi étaient conciliés les aspirations de ma jeunesse et mes idées politiques.

Mais ces affectations ne furent pas définitives et je ne me retrouvai pas tireur comme cet entretien semblait pourtant pouvoir le décider.

Je serai secrétaire d'échelon.




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