Au contraire de mes enfants, je n'ai jamais eu la chance de connaître mes grands parents.
En effet, du côté paternel, mon grand-père né en 1883 a été tué à la première guerre, en septembre 1914 en Argonne : quant à ma grand-mère, sa femme, elle mourût un peu avant le début de la
seconde guerre mondiale.
Du côté maternel, je n'ai quasiment aucun souvenir direct de mon grand-père décédé alors que j'étais petit : seulement un vague souvenir d'un vieux monsieur, mais d'après mes parents ce
n'est pas possible ... et ma grand-mère maternelle sa femme mourut n'ayant pas atteint la cinquantaine.
Ma grand-mère paternelle, est issue d'une famille de simples cultivateurs originaire de Seine-et-Marne, aux alentours de MEAUX commune de VARREDES .
Je ne sais pas grand-chose de cette grand-mère née avant 1880, sinon qu'elle a élevé ses trois enfants dans le pieux souvenir de son mari mon grand-père paternel, mort au début de la guerre
de 1914 et qu'elle ne s'est jamais remariée.
Je pense qu'elle fit la connaissance de mon grand-père , au chevet de mon arrière grand-mère , dont elle s'occupait et qui mourut avant cinquante ans.
Plus tard pendant la guerre de quatorze, alors qu'elle était veuve, ma grand-mère Henriette participa à l'effort de guerre en fabriquant des tenues militaires pour les soldats du front :
toute la famille, y compris mon arrière grand-père paternel vivait à Suresnes dans le même logement, après avoir quitté Saint-Cloud.
Ma grand-mère était d'après Papa une excellente cuisinière et plus tard elle en fit son gagne pain, alors qu'elle habitait à Nanterre, rue de la Source.
Elle était vivante lors des mariages de ses deux plus jeunes enfants, mais ne vit jamais le mariage de mes parents, qui eut lien en pleine guerre.
Mon grand-père paternel était boulanger, comme son père et comme ses frères : mon arrière Grand-Père né au milieu du XIX° siècle dans un village de la vallée de l'Ailette à côté de
LAON qui lui, boulanger itinérant, au gré des déplacements des garnisons militaires habita Senlis.
Quant à mon grand-père il naquit à Paris .
Enfin mon père naquit à Dreux et tout jeune il se retrouva à Saint-Cloud, près Paris.
Tout ceci pour montrer la mobilité que ce métier imposait.
Je sais beaucoup plus de choses en ce qui concerne ma grand-mère maternelle : née dans le Morbihan en 1897 , elle apprit la coutûre à LORIENT où mes arrières-grands parents s'étaient
installés.
Elle jouait de la mandoline.
Elle était aussi une très bonne cuisinière comme ma grand-mère paternelle
Une anecdote amusante à propos de ce mariage : tout avait été prévu (j'ai dans les papiers recueillis le menu du repas des noces), sauf la chambre nuptiale : les jeunes mariés dormirent sur une
grande table du restaurant de l'hotel.
Après son certificat d'études, à l'âge de douze ans, ma grand-mère maternelle entra dans un atelier de coutûre où elle apprit son métier, et .... beaucoup de chansons avec ses
camarades.
Elle devint par cette longue pratique une très bonne couturière,
Vers l'âge de 22 ans, du fait des conséquences indirectes du décès accidentel d'une dame chez qui ma grand-mère, travaillait à Lorient, mes arrière grand-parents l'envoyèrent à Paris,
pour lui changer les idées.
Ces faits se passent juste après l'armistice du 11 novembre 1918.
Elle arriva à Puteaux chez sa tante qui avait de nombreux enfants à peu près du même âge que ma future grand-mère : c'est a la chorale paroissiale de Sainte-Marie des Fontenelles où tous se
rendaient pour la messe dominicale et les vêpres qu'elle s'émerveilla devant mon futur grand-père, musicien, organiste, qui avait pourtant une vingtaine d'années de plus qu'elle.
C'est par l'entremise de l'Abbé de Saint-Marie des Fontenelles qu'elle fit savoir à mon futur grand-père qu'il lui plaisait beaucoup.
Celui-la alla donc en Bretagne faire sa demande en mariage,
Il fut décidé qu'ils se marieraient à l'église Saint-Louis de LORIENT.
Mon arrière grand-père maternel était chef cuisinier au Lycée Saint Louis de Lorient en Bretagne dans le Morbihan, son épouse femme de ménage.
En plus de ma grand-mère, ils eurent un fils aîné Jo qui fut mousse dans la marine, puis pendant la Guerre de 1914 second maître mécanicien à bord du sous marin "Curie" .
Il fut fait prisonnier de guerre dans l'empire d' Autriche au port de Pola en Istrie en Croatie où les ennemis avaient tendus des filets.
Il resta prisonnier jusqu'à l'Armistice, mais dès sa libération il reprit la Mer.
Il y a une quinzaine d'années, j'ai eu en ma possession un tableau généalogique esquissé par mon grand oncle , journaliste d'opinion en Lorraine, et qui mourût prématurément en 1909 à l'âge
de 30 ans.
Celui-ci ne s'étant intéressé qu'au Nom, il montre toute l'ascendance Lorraine de cette famille , essentiellement de la région de Longwy.
Mon grand-oncle aidait en fait son père à dresser cet arbre, travail ensuite qu'il continua seul après le décès de son père vers 1900 : il semble qu'il fit des recherches très poussées ,
d'après des papiers datés postérieurement au décès de mon arrière grand-père.
A la disparition de ma tante , je reçu quelques papiers familiaux, et des photos de familles qui me permettent de connaître tout ce côté familial.
Parlons d'abord de mon arrière grand-père maternel, grand-père paternel de Maman :
Celui-ci, né avant 1830 à Reims, était fils d'un couple de blanchisseurs de pièces.
Il fut incorporé au 1er Régiment du Génie comme appelé , puis resta dans l'Armée, en montant les grades successifs, passant dans l'Artillerie la même année puis devenant artificier en 1851.
Après avoir été promu Brigadier on le retrouve Maréchal des Logis détaché à Saumur l'année suivante où il reste presque deux années.
Les années suivantes le voient passer successivement les grades d'Adjudant (sous-officier) au grade de Lieutenant en second (officier subalterne).
Puis il est promu au grade de Lieutenant en premier, toujours dans l'artillerie.
Enfin il est Capitaine en second.
Sa carrière militaire se déroula dans différentes garnisons :
Peu avant 1860, il était à Toulouse à la Caserne Compans-Caffarelli, comme Adjudant sous officier (cette caserne n'existe plus en tant que telle, mais une partie subsiste à l'usage de
locaux techniques de la Ville ; la Place d'Arme s'appelle Place de l'Europe, et un jardin public Compans-Caffarelli agrémenté d'un Jardin Japonais, occupe également l'endroit de ce qui
était autrefois cette caserne).
Puis le 2 Août de la même année, il est promu Sous-Lieutenant d'Artillerie dans un autre régiment à Rennes.
Puis il passe à Douai, puis à Metz.
C'est dans cette garnison qu'il est victime d'un accident de cheval, celui-ci se cabrant et se reversant sur lui après qu'il eût dans un manège donné une leçon d'équitation à des sous officiers ;
ce qui lui occasionna de sérieuses blessures au bassin.
Quelques années plus tard il est promu Capitaine, et est aussitôt détaché pour occuper l'emploi de Membre de la Commission permanente d'expériences au Camp de Chalons
A la veille de la Guerre de 1870, il rentre au corps de Metz
Il est prisonnier de Guerre en septembre, alors qu'une blessure au bras gauche par éclat d'obus à Givonne, près de Sedan lui vaut d'être amputé.
En avril 1871, il rentre de captivité.
Puis Capitaine en premier, il est nommé au grade de Chevalier dans l'Ordre National de la Légion d'honneur avec beaucoup d'autres.
En 1875 il est dans l'état de Capitaine rue du Jard à Reims.
Il donne sa démission qui est acceptée par Décision Présidentielle en 1878.
Il se maria tard, après la guerre de 70 , à Paris , avec sa cousine, beaucoup plus jeune que lui qui était parisienne
Le service religieux de l'enterrement de mon arrière grand-père se déroula en l' église Saint-Jacques de Reims, que j'ai visitée.
Outre mon grand-père, son frère et sa soeur, mes arrière grand-parents eurent un petit garçon, qui ne vécut que quelques jours.
Mon Grand-Père, né à Reims, décédé à Nanterre, très instruit et diplômé débuta très tôt une carrière d'organiste après avoir appris l'instrument avec un professeur qui ne jurait que
par Jean-Sébastien BACH : il exerça d'abord à l'église Saint-Jacques de Reims, puis à Notre Dame, où il tenait l'orgue de Choeur, mais remplaçant souvent aux grandes orgues le titulaire, souvent
absent. Il fut mobilisé pendant toute la durée de la Guerre de 1914- 1918 et, la dernière année, il la passa en Lorraine, à Lunéville, Serres et Parroy .
Il fut téléphoniste radio à l'Etat Major du 48ème Territorial d'Infanterie : sans doute ne le fut-t'il pas toujours, au moins au début du conflit, comme le suggère un passage d'une
lettre du 11Novembre 1918.
Maman et ses soeurs nous ont toujours parlé de lui avec vénération, un homme dévoué, d'une grande rigueur morale, et d'une foi inébranlable, et d'une grande religiosité.
Dans tous les papiers qui ont été conservés j'ai retrouvé des courriers qu'il écrivit à la veille de l'Armistice à sa soeur et à sa tante Eugénie :
Lettre du 28 Octobre 1918 dans laquelle mon grand père célèbre cette journée belle et froide qui s'est terminée par un "communiqué sensationnel, " la demande formelle de paix de l'
Autriche.
Il enchaîne en attribuant ce résultat d'abord à Dieu, ensuite au génie militaire de Foch, soutenu par l' Esprit-Saint et à l'héroïque bravoure des soldats du front.
Il y pense également qu'il est possible de prévoir à courte échéance la capitulation "non bénévole, cela jamais, mais absolument forcée, par le canon, de l'immonde b.... qui sera assez plate pour
tendre le cou et recevoir le coup de grâce, bien appliqué."
Enfin il pense ensuite que quand ses lectrices prendront connaissance de son courrier, il y aura "belle lurette" qu'elles l'auront su, par les journaux, si tant est qu'elles auront pu se
les procurer, car on aura du se les arracher.
Après leur avoir demandé de leurs nouvelles, il les embrasse, des millions de fois.
Deux lettres du 8 et 9 Novembre 1918, dans lesquelles il exprime sa grande tristesse car il vient d'apprendre la mort d'un ami de la Famille, l'Abbé DUVAL organiste titulaire des
grandes orgues de Notre-Dame de Reims, qui avait trouvé refuge chez eux.
Une lettre du 11 Novembre 1918 où il laisse exploser sa joie de la signature de l' Armistice, le jour de la Saint-Martin, un des grands saints de la France.
On apprend dans cette lettre où il "bénit Dieu de nous avoir permis de voir en ce jour les hostilités s'arrêter avec une humiliation sans précédent pour l'ennemi détesté", qu'il y a juste
quatre ans qu'il faisait sérieusement le coup de feu pour la première fois".
Ce courrier est tempéré du regret qu'ils ne soient plus présents au complet pour partager la joie de ce jour (sa Maman Adèle étant décédée en 1917) .
Ces quelques lignes témoignent : " Ici nous entendons depuis une heure les cloches carillonner : puissent-elles rappeler à beaucoup qu'ils doivent la vie et la victoire à Dieu, et lui
témoigner leur reconnaissance."
... Mon pauvre grand-père ! Je m'imagine le "spleen" qui dut t'envahir, lorsque, démobilisé à la fin de la guerre, en 1918, tu revins dans Reims, détruite, ta maison, celle de ta famille, de tes
parents rue Brûlée et rue Hincmar, désertée, le quartier en ruines, là où étaient tous tes souvenirs de ta vie d'avant , ceux de tes chers parents et cousins, dispersés aux quatre vents, ta
chère cathédrale qui n'avait plus de toit, l'église Saint-Jacques à moitié démolie etc ...
La Foi dut t'être alors d'un grand secours.
Souvenirs de ton père , souvenirs de ta Maman , de ton petit frère , tes chers disparus ...
Reims avait été écrasée par les Allemands ...
Alors la mort dans l'âme tu rejoignis ta soeur qui avait trouvé refuge à Passy, chez Eugénie, qui voulut bien te donner asile.
Evidemment il te fallut chercher du travail pour ne pas être à leur charge : d' Eugénie notamment qui avait un bon travail de corsetière.
C'est ainsi que répondant à une annonce, tu devins l'organiste titulaire de la chapelle "Sainte-Marie des Fontenelles" de Nanterre, et y retrouvant comme par miracle ton ami de guerre
l'aumonier Charles Flaus.
Depuis Passy tu y allais à pieds , pour pianoter sur ce que tu appelais ton "biniou" ton petit orgue, bien petit, comparé à ce que tu avais connu à Reims, où avant guerre, organiste
du choeur, tu remplaçais souvent aux grandes orgues de la cathédrale le titulaire l'abbé Duval qui était pour des raisons personnelles, souvent absent.
Puis comme ça faisait beaucoup de kilomètres à pieds, Passy-Nanterre, une famille originaire de Bretagne, du Morbihan t 'hébergea chaque Dimanche, ainsi que Monsieur l'abbé Flaus,
pour déjeuner, car il fallait que tu sois sur place aussi bien pour tous les offices du matin que pour les complies en fin d'après-midi.
C'est chez eux que tu rencontras ta future femme, ma Grand-mère, bien plus jeune que toi, et tu l'épousas chez elle, en Bretagne, en 1919, dans le Morbihan, car elle t'avait choisi.
Toutes les joies et les peines parfois immenses que tu eus, celle de perdre ton deuxième enfant à trois ans, qui était si mignonne, à cause d'une erreur du médecin, votre expulsion de la première
maison à Nanterre où vous étiez simplement locataires ce qui vous obligea à acheter un terrain rue des Alouettes en empruntant avec difficultés et où tu construisis ta maison, de tes mains, avec
beaucoup de peine et un accident et de sérieux ennuis de santé dûs au manque de chauffage.
La venue de tes enfants, Maman en premier ... la disparition de tes beaux parents qui ayant quitté leur Morbihan natal étaient venus vivre avec vous, et la perte de Grand-Mère juste après
la seconde Guerre !
L'épreuve des bombardements anglais en juin 1940, visant à couper les ponts sur la seine tombant maladroitement sur les maisons et sur les jardins, aux alentours de la maison de la rue des
alouettes, le mariage de ta fille aînée, Maman durant l'Occupation.
Outre ton métier de pianiste et d'organiste, le fait que tu donnais des leçons de musique, de grec, de latin et de mathématiques pour faire vivre toute ta petite famille et il est vrai que
l'instruction que tu avais du fait du niveau de tes études te permettait d'assumer ces tâches supplémentaires que tu pouvais compléter par des travaux d'installation électrique chez des
particuliers ou au cinéma paroissial, car tu étais de plus un excellent bricoleur.
Tes photos: tu étais passionné de photos et tu nous a laissé tout un tas de plaques de verre : tu faisais et développais tes photos toi-même et je regrette d'avoir égaré ton fameux appareil à
soufflet dont on m'avait fait cadeau en 1961, tu étais aussi passionné de cjimie, d'astronomie ...
Tes disputes avec ton beau-père, quant à l'agencement du jardin, toi plantant des arbres fruitiers, lui cultivant des légumes, Maman nous en a souvent parlé ...
Tous ces souvenirs, dont je pourrais parler d'une manière plus développée car Maman me les a confiés, me reviennent toujours en mémoire, et en image, tellement j'en ai entendu parler très tôt, ce
qui fait qu'ils sont devenus les miens.
Tu nous a légué beaucoup de choses, notamment de bonnes dispositions pour la musique (nous les avons reçu aussi de Papa ton gendre, également, je te le concède) .
Petit, ayant découvert un cahier où tu avais dessiné des personnages, ton goût de la carricature, je copiais ton coup de patte, et il m'est resté.
En ton souvenir, par le truchement de Maman, nous découvrîmes et apprîmes à apprécier la musique d'orgue et ses grands compositeurs : la famille Alain, les Widor, Bauelman, Gigout, Bach, Vierne,
et j'en oublie, musiques grandioses , mystérieuses, ouvrant l'espace, le remplissant de lumière à travers les vitraux de nos belles cathédrales de notre France éternelle aux tours et
flèches droites comme la Justice et la Vérité.
Comme toute la famille tu avais les mêmes idées politiques que ton frère Joseph , sauf que tu as toujours eu des doutes très fondés quant à la légitimité et l'honorabilité de certains, mais tu
étais plus discret, ne faisant pas de prosélytisme.
Tu nous quittas au début des années 1950.
J'avais alors un peu plus de trois ans : plus tard, j'évoquais parfois avec Maman des vagues souvenirs qui me revenaient de cette époque, y entrevoyant un vieux monsieur car elle nous emmenait
souvent rue des alouettes : elle me disait alors : non ce n'est pas possible, ça m'étonne !
Eh bien pourtant, moi, je crois que si : je me souviens d'un vieux Monsieur, je crois bien que c'était toi ... "
De ma grand-tante Marie Blanche, je ne sais presque rien sinon qu'elle était l'aînée.
Elle trouva refuge à Paris chez sa cousine Eugénie, dans le quartier de Passy vers la fin de la Guerre de 14, car la ville de Reims où elle habitait et dont elle était originaire
était très gravement endommagée, ainsi que la maison familiale , et beaucoup de maisons étaient en ruines
Elle ne s'est jamais mariée, et il est vrai que son père s'était marié très tard, une fois retiré de la vie militaire.
D'ailleurs son plus jeune frère mourût à 30 ans , encore célibataire, et mon grand-père, son frère se maria aussi très tard, à presque 43 ans.
Il y avait donc de ce côté ci de la famille peu d'empressement à convoler.
Il semble que ce soit en rapport avec les choses de la religion : en effet, toute la famille était très croyante, et mon arrière grand-père, j'en ai des témoignages écrits, passait pour un saint
dans une petite communauté rémoise.
Ma grand-tante avait un talent littéraire et écrivait des poésies.
A son allure, je l'imagine comme une femme d'une certaine indépendance, profondément croyante, mais pas bigotte, je l'imaginerais presque comme une George Sand, moins la liberté de moeurs
cependant, mais avec des convictions bien arrêtées, et n'ayant pas peur du quand-dira-t'on.
Il semble qu'elle partageait les idées politiques de son frère cadet Joseph, et qu'elle le soutenait.
Certainement très possessive, vivant un peu comme un abandon le mariage de son frère, mon grand-père : cependant il faut la comprendre, ayant dû quitter sa ville natale de Reims,
ayant perdu son frère cadet Joseph prématurément, sa mère décédée en 1917, son frère était son seul lien affectif qui lui restait : alors ce mariage !
Ce fut ma tante , soeur de ma mère disparue il y a peu, qui lui servit de baton de vieillesse, vivant avec elle, rue de Passy.
Elle mourût au début des années 60, à Paris.
Mon grand-oncle maternel oncle paternel de Maman , naquit à Reims, et il était le dernier enfant de mes arrières grands-parents.
Il fit de très bonnes études et fut réformé suivant décision du Conseil de Révision de sa classe et ne fit donc pas son service militaire.
Entretenant avec sa mère une relation épistolaire attentionnée d'un très bon fils aimant, il s'entendait très bien avec son frère et sa soeur.
Quelques temps "pion" dans un internat, il s'y plaignait de la cancritude des élèves qu'il devait chaperonner.
Journaliste royaliste orléaniste, sa plume était acérée, digne des virulents polémistes de cette époque, les années 1900.
Il avait des amis fidèles et sincères, mais en contrepartie devait avoir des ennemis jurés.
Parallèlement à cette activité professionnelle qui lui prenait pas mal de temps, en rédaction, correspondances, et réunions politiques, il continua les recherches généalogiques familiales
entreprises par son père uniquement en ligne directe et établit un arbre généalogique de la famille , remontant jusqu'au début du XVII° siècle.
Les nombreux classements qu'il a effectué dans ce domaine, liste de noms, dates, sur un cahier témoignent de toutes les démarches qu'il dût accomplir auprès de beaucoup de Mairies ou aux Archives
et ceci dût aussi lui prendre pas mal de temps.
J'imagine qu'il essaya de faire le lien avec un "document historique" en possession de la famille depuis des lustres, un parchemin authentique, très bien conservé, mais dont le contenu n'est
accessible qu'à un chartiste : un document relatant l'existence d'une obligation sous forme de rente, établi devant un tabellion de Longwy, ville dont la famille est originaire puisqu'elle y
était encore à la fin de la Révolution : je ne sais pas si il y serait arrivé un jour : aucun des noms des parties comparaissant à l'Acte ne figurant dans l'ébauche de tableau généalogique qu'il
a dressé.
Opiniâtre comme il était il y serait sans doute arrivé, cependant ...
En tous les cas, cette copie, datant du milieu du XIV° siècle, soit sous le règne de Charles V, en possession de la famille depuis cette époque devait avoir un caractère exécutoire à son
avantage.
Les causes de sa mort prématurée, début mai 1909, restent un mystère : au retour d'un repas "professionnel" il fut pris d'un malaise soudain, et mourût.
D'après ma grand'tante, sa soeur aînée, mon Grand Oncle aurait été empoisonné par un acte volontaire.
Dans ce cas, il reste à savoir les sombres motifs qui ont "motivé" cet assassinat !?
C'est toujours ce que j'ai entendu, mais je n'en ai jamais eu la preuve : Ma grand'tante semblait le savoir ? Mon grand-père je ne le sais pas.
Tout ceci est ancien et de l' eau a coulé sous les ponts, mais le mystère demeure !
A propos des recherches généalogiques sur ce côté de la famille, je peux raconter l'anecdote suivante :
Début novembre 2002, je fis un saut à Nanterre pour voir Maman.
Je fis aussi un tour aux Lilas en Seine Saint-Denis, où nous demeurions dans les années 80.
La commune des Lilas est située à deux pas de la Porte des Lilas où sont situées les Archives de Paris.
Je me rendis dans ces Archives, sans intention particulière , histoire de lever le nez après une petite balade où j'avais fait quelques photos, histoire de rafraîchir la mémoire des enfants
quant aux lieux de leur enfance.
A l'entrée , il fallut me délester d'une partie de mes vêtements : précaution prise par l'administration des archives qui craint les vols de documents.
C'est là que je vis un individu vociférant , s'indignant de l'obligation qui lui était faite de se dévêtir partiellement pour accéder en salle de lecture.
J'accédai à la salle de lecture, au premier étage.
J'étais arrivé là, sans intention particulière, mais pas par hasard quand même , histoire de voir si je trouvais quelques traces d'un lointain ancêtre au patronyme flamand dont une des filles fut
une de mes aieules, et delaquelle je possède plusieurs photos en portrait datant du milieu du XIX ° siècle.
Entreprise hasardeuse pour tout chercheur qui a des ancêtres parisiens ou tout au moins qui fait des recherches sur les familles parisiennes.
En effet, l'Etat Civil parisien a été détruit durant la Commune de Paris, lors de l'incendie de l'Hotel de Ville, en 1871.
Il a été cependant reconstitué en partie, à l'aide des Archives Notariales, des apports d'archives privées, et des relevés de sépultures et aussi peut-être grace à l'apport des archives
paroissiales ?
Parfois donc, l'intuition ou la chance vient vous donner un sérieux coup de main :
Mû par je ne sais quel instinct, alors que j'avais juste choisi une place où je pourrai éventuellement consulter des pièces d'archives dont j'aurai fait la demande, j'avisai juste à côté de moi,
un petit meuble contenant des fiches de classement de différents documents, donnant par ordre alphabétique pour les patronymes, les cotes des documents relatifs aux faillites à Paris sous
l'Ancien Régime, un peu avant la Révolution.
Je cherchais comme ça, si il y avait quelque chose : et ô miracle, je trouvais les références d'un document relatif à la faillite d'un carrossier dans laquelle était impliquée une
personne portant le nom de famille à consonnance flamande de mon aieule et négociant de profession.
Ce document énumérait les créances non recouvrées par le dit carrossier et en face des noms de chacun des débiteurs, la somme due.
Il résultait du document, en préambule que sa faillite avait été provoquée par des travaux importants commandés, exécutés par le carrossier, mais qui ne lui avaient pas été payés par quelque
noble de la Cour.
Puis cherchant plus loin, je tombais aussi sur un document du Tribunal de Commerce : des magistrats se rendaient au Temple, pour essayer de saisir mon débiteur mais ils en revenaient bredouilles
...
Le Temple assurait en fait aux personnes hébergées une sorte de droit d'asile, à condition de ne pas en sortir.
Cependant il y demeurait (très judicieux ...)
Ces documents dataient des années 1770.
Avant de quitter l'endroit je parlais de ma découverte au Conservateur qui me montra des gravures d'époques, ce qu'était le Temple à cette époque, peu de temps avant la Révolution.
Plus tard depuis la Maison je fis d'autres recherches via internet sur ce fameux patronyme
et je tombais non sans surprise sur un "médaillé de la Bastille", demeurant dans le quartier de Notre Dame de Paris !
Voilà qui était bien surprenant et renversant pour l'histoire de ma famille maternelle du côté de mon grand-père, famille dont les idées politiques et religieuses auraient été bien chamboulées du
fait de se savoir un aieul sans-culotte !
Il me prend l'idée d'écrire maintenant ce clin d'oeil posthume à mon grand-oncle :
" Mon Cher Joseph,
Parmi les nombreux papiers que tu nous a laissé, j'ai trouvé la réponse à une demande de recherche que tu formulas auprès du bureau de l'état civil de la Ville de Liège en Belgique.
Cette recherche demandée en avril 1901 et portant sur l'acte de baptème de François Nicolas Vanderplace pour la période 1791 à 1796 ne donna pas de résultat positif : il s'agissait pour toi
de reconstituer la généalogie de ta grand mère maternelle, mon arrière arrière grand mère maternelle donc.
Si l'origine flamande de ce patronyme est plus que vraisemblable, le fait que tu ais fait cette demande à la Ville de Liège me fait supposer que tu devais avoir un renseignement bien précis
: par la famille certainement, car quelque anecdote sur ta grand-mère a été recueilli comme son goût morbide d'assister aux exécutions capitales ... (c'est ta nièce , ma Tante, soeur de Maman,
que tu n'as pas connu qui me l'a dit).
Le fait aussi que tu connaissais le prénom précis "François Nicolas" prouve que tu ne démarrais pas les mains vides.
Pour ma part il y a quelques années, me rendant aux Archives de Paris, à la Porte des Lilas, je tombai par une chance que je ne m'explique pas, du premier coup, (je suis un peu medium ...) sur un
document datant d'une quinzaine d'année avant la Révolution et se rapportant à une faillite d'un certain Garou, invitant les créanciers, dont un certain Henry Vanderplace à comparaître devant le
Tribunal de Commerce à St Merry (quartier Beaubourg) pour produire leurs livres de comptes afin que soit établi l exactitude des créances du faillit.
Les consuls de ce Tribunal se transportant au Temple, essayant de faire sortir cet Henry Vanderplace, pour peut-être se saisir de lui ?
Quelques temps plus tard, grace à Internet j'eus la surprise d'apprendre qu'un certain Nicolas François Vanderplace, habitant dans le quartier de Notre Dame de Paris, 4 rue de la Colombe,
était un médaillé "Vainqueur de la Bastille " !
Je n'en ai pas la preuve, mais ce Nicolas François me semble bien proche du François Nicolas que tu recherchais, même si celui que j'ai trouvé est plus vieux que le tien, ( une
vingtcinquaine d'années) et malheureusement, tu connais les difficultés qu'il y a a trouver des renseignements dans les Archives parisiennes, l'Etat Civil ayant été détruit lors de l'incendie de
l'Hotel de Ville par les communards en 1871 !
Je verrais bien une filiation entre Henry Vanderplace et Nicolas François.
Puis dans la première moitié du XIX° siècle, dans le quartier de la République actuel, toujours à Paris, un Vanderplace, poëlier.
Je pense que si ils sont bien de nos aïeux, tu dois en etre fort surpris, voire chagriné !
Ils feraient partie alors de tout ce que tu détestes le plus au monde : des Révolutionnaires , des régicides, bien que pourtant ils ont sans doute fait beaucoup moins pour la chute de la Royauté
que l'aïeul de celui dont tu soutenais la légitimité et qui vota la mort de son cousin !
Cependant ces Sans-Culottes font partie de l' Histoire, et ils ont bien contribué à fusionner le drapeau tricolore avec le Peuple français, comme tu le soutiens toi-même dans une de tes
correspondances qui sont revenues en ma possession."