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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 02:25
Dans les Landes, nous vivions à l'heure solaire, c'est-à-dire, même pas à l'heure allemande que la France avait eu depuis la guerre de quarante, mais à l'heure solaire, oui, vraiment.

C'est-à-dire qu'à la mi-septembre, tandis que le soir notre pendule sonnait les sept heures, dehors il faisait nuit, et ceci je ne le remarquais un soir, que très tardivement, vers la fin de mon premier séjour.

Nous devions avoir deux heures de décalage par rapport à l'heure qu'on nous impose actuellement en été, et une heure de retard sur notre heure d'hiver actuelle.

C'est que nous n'avions nul besoin d'être calés sur une quelconque heure citadine.

La nuit et le jour, et le gargoullis de notre estomac étaient nos seuls repères.

Le feu ,dans la grande cheminée bordée de briquettes rouges,  crépitait en faisant cuire quelque chose dans une grande bassine, peut-être de la confiture, tandis que le balancier de la vieille pendule, battait discrètement.

Nous n'écoutions point la radio, et cela ne nous manquait pas.

Le vieux Basile mangeait sa soupe aux fèves et aux haricots, toujours coiffé de son béret qu'il ne retirait jamais, et toujours revêtu d'un tablier de travail, et d'un pantalon bleu à rayures.
Rasé quand il le voulait bien, ce vieux Basile me faisait penser à un hérisson, mais il était bien gentil quand même.

La première année où je vins, Basile était toujours flanqué de son Fanor, un fidèle chien de chasse aux yeux tristes lui dévorant le visage et d'une grande douceur.

Quand nous mangions du confit, il venait toujours déposer doucement sa tête sur mes genoux mais en se faisant bien sentir? et me disais : "quand tu auras fini ta viande, n'oublies pas de me donner ton os !"

Souvent il guettait ce même moment quand Basile mangeait : Basile avait d'ailleurs trouvé une manière plus simple : quand il avait finit son confit, et de curer l'os qu'il avait encore en bouche, il se penchait légèrement vers Fanor, ouvrait la bouche : et Fanor récupérait immédiatement l'os, à la volée !

Ce vieux Basile, qu'on appelait aussi Pépé n'était pas impotant, mais il avait un problème au dos, qui faisait qu'il était toujours à soixante dix degrés quand il marchait, et se déplaçait ainsi, courbé,  à l'aide d'une canne.

Il ne pouvait être d'une grande utilité pour sa femme, Jeanne, qui était obligée de tout faire par elle-même, et quand il voulait l'aider, il faisait toujours des bétises, et se faisait engueuler : si bien que ma venue à la ferme fut très appréciée.

Elle faisait les travaux de la ferme, et aussi tenait au dessus de l'étable un petit potager , protégé des allées et venues et des convoîtises des veaux et vaches par un grillage.

Devant la ferme, il y avait la basse cour et la mare aux canards, ces derniers étant nombreux, ainsi que les poules.

Quand je ramenais les vaches et les oies du pré qui était à peu près à quatre cent mètres de là, je passais toujours par cette cour devant la maison, pour ramener les vaches à l'étable.

A côté de la ferme proprement dite, il y avait, en dépendant, un grand champ de maïs, sur la droite, quand on regardait, depuis le perron situé en haut d'un escalier, vers léglise de Saint-Aubin, bordé de part et d'autres par deux chemins assez larges, et en contrebas, la topographie étant légèrement vallonnée, une prairie assez grande où l'on faisait pousser du trèfle, qui coupé, servirait de fourrage.

C'est Maurice, en voisin, là où était mon frère Patrice, qui viendrait faire ce fauchage, avec son tracteur et sa faucheuse mécanique attelée.

Ce qui occasionna un drâme : courant juillet, Maurice vint en milieu de matinée, effectivement faucher ce champ de trèfles : mais ce pauvre Fanor dormait dans le champ.

Il se fit malheureusement sectionner la patte arrière et partiellement une patte avant, car le trèfle était haut et Maurice ne le vit pas.

Me souvenant de ce que j'avais appris à l'école, je le pris avec moi et on le transporta dans une grange devant la ferme, et je lui fis un garrot.

Il ne bronchait pas et me regardait d'un air pensif : puis il finit par mourir, en milieu d'après-midi.

.....


L'année suivante, début juillet, à mon arrivée, je fus accueilli par deux petits chiots de chasse, encore bébé, dont on me confia l'élevage : je leur préparais donc tous les midis une bouillie de lait en poudre : ils prirent vite le plis de me voir et dès que je rentrais dans un coin de l'étable, là où on les avait mis, dans un petit panier avec de la paille où ils se tenaient bien chaud, tous les deux,  ils se réveillaient immédiatement en frétillant de leur petite queue.

C'était deux petits chiots noirs et blancs, au poil ras, et déjà tout dodus, tout rondouillards...


A la ferme, on n'avait pas de tracteur, mais on avait des vaches qui servaient, à l'aide d'une carriole, de moyen de locomotion, pour porter des charges notamment : on leur mettait un joug qui unissait les deux bêtes avant de les atteler.

.....


Un vache avait eu des veaux, qui grandirent et un jour il fallut en faire des boeufs, qui seraient bien utiles pour tirer ces charges.


Alors un jour vint un vétérinaire qui procéda, c'était la première année de mon séjour, à la castration de ces deux pauvres veaux.

L'opération fut rapide, mais certainement pas sans douleur pour les pauvres animaux qui décochèrent, dans le vide, de vigoureux et très secs coups de sabots à vous briser une jambe.

Les testicules des animaux, laissés là à l'abandon, ne furent pas perdu pour tout le monde, les canards s'en emparèrent, les traînant et se les disputant comme des vautours de la savanne autour d'une charogne ...

L'année suivante, quand je revins, les deux veaux avaient forcis et devenaient, bien que jeunes encore deux beaux boeufs très forts.

Ils s'entendaient très bien tous les deux et servaient très bien à l'attelage.

Ils étaient beige roux sur le dessus, et blanc crème en dessous, et étaient très dociles.




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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 22:16

A la fin des années 50, nos parents nous envoyèrent , les deux garçons, en vacances dans les Landes, en Chalosse, par l'intermédiaire d'une association qui s'appelait "La Famille", une des deux années devait-être l'année 1958 puisque est associée à mes souvenirs  d'un de ces étés la prise de pouvoir de Fidel Castro à CUBA après qu'il eut renversé le régime de Batista.

D'autre part, comme là-bas nous allions à la Messe tous les dimanches, je me souviens des prêches du curé qui demandait ouvertement à l'assemblée des fidèles de ne pas voter pour le Général de Gaulle.

En réfléchissant bien il me semble que la première année était l'été 1957 et donc la seconde l'été 1958.

Je pense n'avoir que des bons souvenirs de ces deux étés, essentiellement passés dans les champs et les prés, principalement en l'activité de gardiennage d'un petit troupeau de vaches et d'un troupeau d'oies, et secondairement quelques travaux des champs, comme l'entretien des plantations de maïs.


A notre arrivée à la gare de Dax, après avoir voyagé de nuit, nous fûmes recrutés par nos familles d'accueil, mon frère  et moi : nous serions hébergés dans deux endroits différents, à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, dans un même village : Saint Aubin en Chalosse, pas loin de Mugron, gros bourg local.

Par ailleurs les deux familles qui nous hébergeaient étaient liées par des liens de parentés, ce qui offrait la possibilité de nous voir souvent durant notre séjour, mon frère et moi.


Mon frère était logé dans une ferme tenue par un couple,  qui avait une fille de 3 ans, .
Cette ferme était juste à côté du centre de Saint-Aubin.

Elle avait pour nom "PELIN"

Les parents de ce couple était également dans cette ferme et prêtait main forte pour les travaux de tous les jours.

Pas mal de bêtes à l'étable, plus un gros taureau reproducteur, très sollicité pour les saillies qui avaient lieu dans la cour de la ferme, véritable leçons de choses pour les petits parisiens que nous étions, complétement incultes en la matière.

D'autres gamins avaient été comme nous accueillis dans des fermes des alentours, et nous ne tardâmes pas, les voyant souvent à différentes occasions, messes, fêtes de villages, courses de vachettes, à devenir un peu copains, je me souviens maintenant qu'il y avait un gamin qui était de LAGNY en seine-et-marne.

Patrice, plus vieux que moi de presque deux ans et demi se vit confier des travaux de grands, et apprit à conduire le tracteur du fermier.

Quant à moi, mes hébergeurs étaient un couple que je voyais vieux, en fait ils avaient deux enfants d'une vingtaine d'années.
Leur ferme " Cassaré", était à l'écart du village, à peu près sept cent mètres, et de là je pouvais voir aussi proche le village voisin de Maylis.

La première année, le second jour de mon arrivée, ne pouvant supporter d'être séparé de mon grand-frère, je m'étais éloigné pour le rejoindre, mais sans intention de fuir ... mais ma disparition momentanée de mon lieu d'accueil avait jeté la panique ...

La fermière, chez qui mon frère était logé, vint alors vers moi en vociférant en me tirant l'oreille et en m'engueulant copieusement, cela on me l'avait déjà fait pour des raisons un peu similaires à la Valla en Gier, deux années plus tôt.

Elle savait que j'étais là, avec lui, mais croyait que je n'étais pas venu seul ...

Je leur avais foutu la frousse.

Ce vieux couple qui m'hébergeait avait une fille, qui passait de temps en temps les voir et qui devait être mariée et qui je crois habitait au village voisin , et un fils, , qui faisait, dans des conditions difficiles son temps en Algérie.

La première année, je fis sa connaissance environ une semaine après être arrivé : il était en permission.

Il était assez rude , un peu sec, brusque, parlait fort, et je pense que c'était en réaction à la situation qu'il vivait de l'autre côté de la Méditerrannée ...

L'année suivante, il revint plus longuement et son attitude était très différente, il y avait chez lui je pense une volonté d'oublier ce qu'il vivait là-bas et était plus aimable avec moi.

Plusieurs fois il m'emmena avec lui, pour me distraire des travaux habituels que l'on m'avait confiés, et qui pourtant ne m'ennuyaient pas : d'un naturel rêveur, je m'habituais depuis longtemps à cette solitude et j'avais comme compagnons, la rivière, les arbres, les animaux que je surveillais, les oiseaux, surtout les milans et bondrées, qui pullulaient dans la région, et ces rapaces, seigneurs des airs m'ont toujours fasciné.

Il m'emmena plusieurs fois à la pêche, dans des ruisseaux du coin, où nous péchions à l'aide d'un filet en remontant à contre-courant la rivière, des petits poissons, à faire frire le soir, à la poêle.

Parfois, sur le perron de la maison, il tirait à la carabine sur des ortolans, qui le soir venu servaient à fourrer une volaille que nous dégusterions.

Et puis peu à peu, une petite gamine, plus jeune que moi pourtant, fille d'un fermier voisin, venait me faire la causette, et nos jeux, devenaient, à son initiative curieusement pour moi sans comprendre la nature de mon trouble alors, moins innocents.

Je ne sais plus à quel moment de l'été, il y avait la fête du village, où l'on dressait une arêne, et où se déroulait principalement des courses de vaches, les concurrents devant retirer une fleurette artificielle fixée sur la tête d'une de ces vachettes, animal très fin, rapide, et pourvu d'une paire de cornes de grande dimension et bien effilée.

Ces cornes étaient quand même au bout munies de chiffons bien enroulés, afin que leur pouvoir de pénétration soit contré.

Néanmoins celà n'empêcha pas plus d'un concurrent de rester parfois quelques minutes étendu sur le sable de l'arêne, suite à un violent coup de corne.

C'était comme la corrida, mais sans mise à mort ni banderille.

Tandis que la course de vaches se déroulait, un orchestre typiquement espagnol jouait des airs comme à Séville, et il ne manquait pas l'animateur, qui annonçait les récompenses que promettaient plus d'un spectateur au bénéfice d'un concurrent.

Pendant ce temps là, et les courses duraient longtemps, il y avait dans le village des stands divers, de fête foraine.

Tous les habitants des alentours et des villages voisins venaient à cette fête qui se tenait sur la Place du Village, au pieds de l' église et de son cimetière, et beaucoup de gens, hors les tribunes de l'arêne se tenaient au bord du mur d'enceinte du cimetière, en surplomb par rapport à la place du village.

L'endroit était noir de monde, à chaque fois par un temps radieux d'été.

En septembre 1996, venant de Toulouse pour aller à Biarritz et à San Sebastian, je passais par cet endroit et m'y arrêtais : la place du village était déserte, et une arêne avait été construite en dur à côté de la place du village.

Mais il n'y avait âme qui vive, sauf dans des fermes aux alentours, mais désormais, les villageois travaillaient dans les grandes villes avoisinantes, Saint Sever, Hagetmau ...

Puis je montais vers la ferme qui m'accueillait autrefois :  le chemin naguère de terre était à présent une petite route goudronnée, mais ma petite rivière dans laquelle une vache autrefois s'était enlisée et qu'il fallut dégager à l'aide d'un treuil, existait toujours.

Cassaré, la ferme, était en travaux ou en démolition, et depuis ce lieu je tournais mon regard vers l'église de Saint-Aubin : je retrouvai alors à ce moment beaucoup de sensations cachées par d'autres souvenirs .

Une fois,  il fut organisé, et je ne sus jamais sous quel prétexte une fête à "Cassaré", plus d'une semaine à l'avance, la maison fut entièrement repeinte à l'intérieur, les briques apparentes redessinées, les chenêts de la cheminée astiqués comme des miroirs ... brefs, tout tout beau ...

L'on mangea plein de choses, toutes succulentes, et Dieu sait, si tous les jours on mangeait bien ... du confit d'oie ou de canard, d'un goût du tonnerre !

A la fin du deuxième séjour, nos hôtes nous offrirent à notre départ des animaux comme souvenir (pour nous deux , gamins, des animaux de compagnies), une lapine et un jeune coq.

A la rentrée des classes je me préparais à rentrer en classe de sixième à l'annexe du Lycée Condorcet de Paris, le futur Lycée Frédéric et Irène Joliot CURIE. LE LYCEE CONDORCET A NANTERRE OU UNE SAISON EN ENFER

La troisième année ils ne purent nous reprendre, pour cause d'évènements familiaux ...

Alors nos parents nous envoyèrent ailleurs, dans les hautes-pyrénées , séjour cette fois d'une qualité médiocre.

Ces deux séjours dans les Landes nous marquèrent beaucoup et mon frère  est toujours resté en contact avec ces gens, qui maintenant hélas disparaissent les uns après les autres.

Plusieurs fois après nos séjours, nous reçûmes venant d'eux par la poste des colis de choses succulentes dont nous nous régalâmes...



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