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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 02:56
Après ces premières corvées régimentaires, une sorte de routine s'installa, la routine de la vie de caserne, faite pour moi d'un travail de bureau, où j'avais quand même à subir l'autorité tyranique d'un maréchal des logis engagé, plus jeune que moi et qui pour comble n'arrêtait pas de dégoiser sur l'armée, qu'il avait bien envie de quitter.

Sinon j'avais rapidement fait connaissance avec mes nouveaux camarades du 1er escadron, surtout ceux de mon peloton, évidemment.

Un était de Montesson, ville pas très éloignée de Nanterre, environ 6 kilomètres, et il était Jockey dans la vie civile.

Un autre de Pantin, les autres de l'Essonne, surtout des environs de Monthléry.

Dans les autres pelotons, du même contingent que le mien, aussi beaucoup de bordelais , quelques auvergnats des lyonnais et des savoyards, un de Dordogne, un autre de Pau etc ... 

Bien que de différents pelotons, à force de nous croiser dans les couloirs entre les chambrées, à l'appel du matin et au rassemblement du début d'après-midi, nous finissions par nous connaître et l'entente était bonne.

Le soir, après le repas, nous allions souvent au foyer qui était la plupart du temps plein à craquer.

Ce local était une sorte de troquet interne à la caserne et qui était acollé à l'aile droite des cuisines.

On y servait surtout des bières en bouteille, de la marque Colmar Pils et je connais plus d'un hussard qui y pris de mauvaises habitudes !

Et il y avait parfois des bagarres dues à une prise excessive de bibines !

Si l'on allait pas au foyer, on restait à la chambrée ou bien l'on sortait en ville.


Il fallait être rentré de toute façon à 22 heures, pour l'Appel, fait le plus souvent avec la supervision de l'Officier de semaine et d'un sous off.

Après, extinction des feux, sonnerie de routine au clairon, depuis le devant de la Place d'Arme, sous le drapeau, près du Poste de Police.

Le chef de chambrée était un brigadier chef , appelé comme nous, et promu à ce grade par le Lieutenant en premier, commandant notre peloton.

Progrès oblige, une dérogation avait été instituée pour certains à l'heure de l'extinction des feux : un programme télé intéressant, débordant sur cette heure limite avait entraîné le Colonel, chef du Régiment a décrété que les téléspectateurs pouvaient regagner plus tard leur escadron respectif.

Début septembre, je reçu d'Irlande des nouvelles de mon frère Patrice : il faisait une balade là bas et, avait comme compagnons de route des américains, dont au moins un était déjà un vétéran du Vietnam ; il se liat d'amitié avec un couple de Suédois, qui plus tard l'invita à venir dans son pays.

Ces mêmes jours nous apprîmes la mort subite du grand acteur Bourvil, en même temps que en Jordanie, le roi Hussein menait une action militaire contre les Palestiniens, donnant naissance involontairement au mouvement septembre noir.

....

Ce même mois de septembre 1970, notre Escadron partit en manoeuvres, pour BITCHE, ville fortifiée par VAUBAN et qui est située sur la célèbre Ligne Maginot.

BITCHE est un vaste camp de manoeuvres juxtaposé à la frontière franco-allemande, en Moselle.

Pour préparer ce départ, l'Escadron se leva tôt par un matin déjà frisquet d'une nuit claire ...

Les pelotons de combats avaient amené leurs engins , les EBR qui étaient alignés sur la Place d'Armes et les équipages chargeaient les matériels qui étaient fort nombreux : je ne pourrai pas les énumérer, sinon que j'entendais souvent parler des épiscopes, sorte de périscopes circulaires permettant aux chefs de chars de voir à l'extérieur sans prendre le risque d'émerger de la tourelle.

Des jeeps , celle du Capitaine, du Lieutenant en premier, en tête, et intercalées.

Le Berliet bourré de Jerrycans

L'escadron comprenait donc 3 pelotons de combat, 1 Peloton de Commandement , le PC dépendant directement du Capitaine, et le peloton d'échelon assurant la maintenance au niveau de l'escadron, des matériels.

Tout ça partait en manoeuvre, avec les armes.

Je m'empressais d'aller au réfectoire avant de partir, tartines beurrées, café au lait, confiture, je fus paré.

Moi j'embarquais dans le Berliet que nous fournissait l' Escadron de commandement et de services (ECS) : un camion, bourré jusqu'au trognon de jerrycans de carburant pour ravitailler les EBR, très gourmants.

Le chauffeur aussi était fourni.

Il avait été formé, comme beaucoup de "pilotes" et aussi les conducteurs de Jeeps à la "FRAC" (formation rationnelle accélérée des conducteurs).

Et il n'était pas dis que beaucoup de permis militaires seraient validés pour la vie civile !

Les conducteurs d'engins eux avaient été formés à l'issue des classes durant un stage d'un mois au Centre d'Instruction Des Blindés, à Carpiagne, près de Marseille.

Le capitaine donna l'ordre du départ, bras levé, et l'escadron sortit du Quartier pour de nouvelles aventures !

Nous partîmes plein Nord, remontant la plaine d'Alsace, dépassant Colmar et Sélestat, puis obliquâmes sur la gauche, prenant la direction de Saverne : nous gravissions alors les Vosges et le temps était très beau.

Il faisait si beau que, arrivé au sommet d'un col, nous pûmes voir dans le sud lointain, les sommets enneigés des Alpes.

Une critique que j'entendis souvent est que les engins ne sortant pas assez et n'exprimant donc pas leur plein potentiel, finissaient par tomber  en rideau.

Sur notre chemin, bien avant d'aborder les premières pentes du massif vosgien, nous doublâmes un EBR, temporairement immobilisé par une panne.

En milieu d'après midi nous arrivâmes à BITCHE, par beau temps : nous pénétrâmes dans ce camp, parsemé de bois de pins, lieu bien sur désert, et l' Escadron s'installa  dans une prairie , une terre ocre rouge, des pins vert, un ciel bleu.

Auparavant, avant de trouver notre lieu de campement définitif, nous nous arrêtâmes, à un endroit du camp, et nous en pofitâmes pour casser la croûte.

Il faisait chaud et la fenêtre de la cabine du bahut était ouverte, j'étais avec mon MDL quand soudain, un énorme frelon rentra dans la cabine : il venait d'Allemagne et portait une croix de Malte en surinpression sur  l'hymen de ses ailes.
Mon MDL, affolé se réfugia dans mes bras, en me disant qu'il avait horreur, une sainte horreur de ses animaux, surtout allemand : en effet c'était un Vespa Crabo Germanicus.
Alors m'inspirant des faits d'armes glorieux et légendaires de notre Valeureux Régiment, je défis en deux parties, à coup de casque lourd le tudesque hyménoptère.
Bien que sectionné en deux parties égales, l'odieux animal gigotait encore, le tronc et la tête,  séparés de l'abdomen , reposant sur la partie plate du tableau de bord , et il semblait faire un discours comme ceux que pouvaient entendre nos voisins d'outre-rhin avant la dernière guerre.

Nous faisions du camping et chaque hussard amenant son barda possédait la moitié d'une tente et nous devions une fois qu'elle fût assemblée y dormir à deux alors qu'elle auraît été faite dans la vie civile pour une seule personne.

A l'écart, un chiotte de campagne isolé de la communauté par un carré de toile de jute maintenu par des piquets attenait à la forêt de pins.

Prudent, mon camarade de chambrée improvisé et moi-même dressâmes notre tente sur une petite butte, puis creusâmes autour, avec la petite pelle godet faisant partie du bardat, la rigole réglementaire au cas où la pluie viendrait.

....

A six heures, du matin réveil ! sous l'action combinée des cris gaillards du premier peloton et de son lieutenant, un vrai meneur d'homme qui voulait en faire le meilleur peloton du régiment, et, de la pluie ...

Beaucoup de tentes étaient trempées, et les affaires, inondées.

Quand à nous deux, qui avions eu la bonne idée de nous installer sur une butte, nous n'avions pas eu à en souffrir : on prit modèle sur nous : nous passâmes pour des lumières !

....

Il faut que je vous dise, quelque chose que j'avais oublié et qui me revient en mémoire, mais indispensable à savoir cependant, c'est que,  à l'issue des classes, ceux qui devaient-être des pilotes d'engins et des tireurs passèrent un mois de formation au CIDB de Carpiagne, près de Marseille.

Donc pendant tout le mois de juillet, durée de la formation, l'Escadron fut à effectif réduit, et l'activité, réduite.

En août, nous vîmes revenir nos camarades  amaigris, bronzés et l'air assez fatigué.

Après quelques sorties sur le terrain en août, et une permission, le départ en manoeuvres devait confirmer et valider la formation de ces nouveaux effectifs.

Cependant, plusieurs régiments étaient simultanément présents sur ce vaste camp de manoeuvres et je crois que les différentes activités étaient tributaires de ça : nous eûmes ainsi droit à la visite d'un char AMX 30 d'un régiment cuirassé : nous pûmes ainsi constater sa vitesse, sa mobilité, et le relatif silence de son moteur, plus discret que celui des EBR.

Pendant cette semaine de manoeuvres, nous jouâmes à la géguerre, dans des chemins, des bois, des creux et des bosses, avec nos cartouches à blanc, et j'appris l'art du roulé boulé le fusil à la main, etc ...

A l'heure de la soupe, nous mangions lorsque la roulante déléguée par l'ECS venait nous amener la bouffe.

C'est au cours de ces manoeuvres que j'assistai un jour à toute une série de tirs réalisée par les EBR, dans le cadre de l'entraînement des nouveaux équipages.

Tirs effectués avec des obus sans charge, mais traçants, des obus de couleur bleue : les cibles devaient être à 600 mètres et étaient une dizaine de grands panneaux d'environ deux mètres sur deux.

Les EBR étaient positionnés sur une butte à l'abri de quelques grands pins, et sur ordre du Capitaine le tir commença, engin après engin : le chef de char commandant à son tireur de faire feu.

Le bruit était formidablement assourdissant et la trajectoire de l'obus était rendue visible car c'était des obus traçant laissant une traînée orangée derrière eux : et de visus l'on constatait l'inévitable loi de l'attraction universelle qui rendait la trajectoire de l'obus, courbe, d'où la hausse du canon.

Le capitaine regardait les cibles à la jumelle et commentait franchement, sans détour, de son accent du Sud-Ouest,  la qualité du tir.

Le tir fini, le Lieutenant, le Capitaine, un sous off et moi grimpâmes dans la Jeep pour se rapprocher des cibles, alors que les EBR rentraient au campement : ils ne risquaient plus de tirer, ils étaient partis.

Le terrain était très irrégulier et la jeep bondissait sur les bosses, s'enfonçait dans les creux, et il fallait s'accrocher pour ne pas tomber, vu que la Jeep n'a pas de portière.

C'était Le Lieutenant, le Lieut' comme on l'appelait, qui conduisait.
Visiblement il en avait l'habitude  et savait rouler dans ces conditions difficiles.

....

Après cette séance, le peloton échelon dont je faisait partie dût faire un exercice de tir à la mitrailleuse de 12,7, la fameuse MIT 50, d'origine américaine, qui ornait souvent le toit des Berliets, montée sur un affût circulaire.

Les cibles étaient les mêmes que celles utilisées pour le tir des EBR, mais nous n'étions pas placés au même endroit, mais la distance était à peu près la même.

Cette arme avait la propriété de pouvoir tirer, soit en rafale, soit au coup par coup : nous utilisâmes les deux modes.

Il fallait faire d'abord un tir de barrage, puis ensuite un tir à la cible.

Le lieutenant observait les cibles et annonçait les résultats : mes tirs furent assez bons. L'arme montée sur un grand trépied, comme un téléscope était assez imposante et pouvait avoir un tir efficace à plusieurs kilomètres.
Je me suis laissé dire que l'on pouvait retrouver un de ses projectiles jusqu'à six kilomètres.

....

Puis les manoeuvres prirent fin : un matin dans ma tente je fus encore réveillé de bonne heure par la visite d'un rat venu se promener dans ma maigre tignasse !
Comme d'autres copains l'avaient vu aussi, nous appelâmes cet animal curieux Gaspard.


....

Le soir même de notre retour de Manoeuvres, arrivé au Quartier, j'eus la surprise d'avoir la visite de Maman et de ma soeur Elizabeth qui faisaient une balade : je m'habillais dans ma tenue d'hiver effective depuis notre retour et nous allâmes dans un restaurant pas très éloigné du Quartier où j'eus la surprise de reconnaître la voix de mon Capitaine d'escadron, qui était installé à une table voisine.

Je le saluai et fis les présentations.

Courant octobre, le Régiment, organisa une course de cross country dans la campagne et les bois du Sundgau : le Challenge Rapp.
Tout le Régiment, y compris les gradés, devait y participer.
Soit un total de 800 hommes.

Je ne craignais pas cette course, étant endurant, bien que je n'étais pas une flêche : de plus, depuis juillet 1969, j'avais pris l'habitude de faire le matin dans mon quartier une course de décrassage, d'environ quatre kilomètres.

Au Régiment, il y avait des pointures dans ce domaine : nous avions au quatrième escadron un champion d'Ile-de-France qui continuait son entraînement tous les jours, et Le Lieutenant, responsable de la Fanfare, qui était un athlète de première force.

Ce fut donc eux, les deux premiers de cette course difficile, un cross de 7 kilomètres, quant à moi, je me classais quand même 155 ème.

Beaucoup abandonnèrent, crachant leurs trippes au bord du chemin.

Au classement par Escadron, ce fut le premier Escadron, le mien, qui remporta la palme.

Plus tard, en avril 71, notre Escadron eût cette fois l'occasion de remporter le challenge organisé à l'occasion de la Saint-Georges.

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