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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 22:05

Après avoir passé pour la seconde fois des belles vacances d'été en Chalosse à Saint-Aubin, je rentrais en sixième au lycée Condorcet de Nanterre qui était l'annexe du lycée éponyme de Paris ENFANCE A NANTERRE QUARTIER PLATEAU MONT-VALERIEN (SUITE)

Cette année de lycée  1958-1959 fut un échec pour moi et une grande désillusion sur beaucoup de choses.

Pour les vacances suivantes, nos parents nous auraient bien envoyés à nouveau mon frère et moi, dans les Landes, mais des changements et des évènements familiaux étaient survenus là bas et,  donc , avec l'association de vacances qui organisait ces séjours, ils décidèrent de nous envoyer dans les hautes-pyrénées, dans un petit village très peu peuplé situé près de Tarbes.
A remarquer que notre grande-soeur ne prit jamais de vacances avec nous, mais ailleurs, par un autre biais.

Comme d'habitude nous y allâmes en train, départ Paris-Austerlitz : un voyage de nuit qui nous vit arriver le matin en territoire inconnu, les yeux enfarinés et la bouche pâteuse à la Gare de Tarbes : de l'arrivée proprement dite, je n'ai qu'un vague souvenir, peut-être reconstruit ; il me semble que, nous étions comme les esclaves de l'époque de Spartacus alignés sur une place près de la gare, nos valises entre les jambes, et que nos réceptionnaires venaient nous choisir .

Ensuite, nos hôtes, un homme d'une trentaine finissante, assez énergique, au teint hâlé et sa mère de noir vétue, un éternel chapeau sur la tête ( elle était veuve, et lui n'était pas marié) nous emmenèrent avec eux aux grandes halles de Tarbes, un grand marché couvert où l'odeur pénétrante du céleris me fait aussi me souvenir de ce dessin de façade à l'intérieur du marché représentant une montagne enneigée, un mont des Pyrénées, et je constatais par l'ouverture de l'entrée de cette grande halle que la vraie montagne, de même allure, grandiose était bien visible.

Nous y restâmes la matinée,  je tombais de sommeil.
A la fin de leurs courses ils nous emmenèrent chez eux,   dans un  cube citroën, vers ce petit village où les petites fermes étaient très espacées les unes des autres : ce n'était pas un groupement de demeures blotties comme des poussins autour de la mère poule qui en aurait été le clôcher.
Le paysage était vallonné, bocquetté, agréable, plutôt paille que vert.

La ferme , située à la pointe d'angle d'une petite route qui se divisait en deux tronçons était une bâtisse pas très ancienne , essentiellement un rez de chaussée comprenant plusieurs chambres, dont une serait la nôtre, à mon frère et à moi, et une grande pièce principale faisant office de salle de séjour et de cuisine.
Devant la maison  aux murs extérieurs recouverts d'un enduit rose beige pâle, une cour bordée me semble t'il par un muret assez bas, et, sur le côté  dont les ouvertures y donnaient, des hangars  qui abritaient un tracteur Renault et entre autre une machine agricole assez élaborée de couleur rouge, du jaune aussi, les herses peut-être,  à faire des bottes de pailles carrées, également des fourrages y étaient stockés , le cube citron y fut garé.
Dans la cour s'ébattaient quelques volailles.
Il me semble que l'étable était intégrée à la ferme, et son entrée devait-être sur le côté.

Lorsqu'on était dans la cour, en regardant alors vers l'extérieur de la maison, la chaîne des Pyrénées  dominait bien le paysage valloné :  la façade de la maison était tournée vers le sud.
Une montagne dominait d'ailleurs les autres et ressortait toute enneigée et nette à la toucher après un temps pluvieux et venteux.
Sur le côté , un étang rempli de nénuphars, après une petite route montante parallèle à la cour de la maison,   et,  après quoi , il y avait un champ , planté ici et là d'arbres fruitiers , dans lequel je ferai paître souvent un troupeau de vaches et où on laissera parfois gambader en leur compagnie quelques sympathiques cochons que cependant ces vaches ne pourront pas supporter.

De l'autre côté donc les hangars et derrière,  une petite route filant sud-nord, légèrement biaisante et descendante, bordée d'arbres.
Au delà, en regardant vers l'ouest, des champs doucement vallonés et descendant dans lesquels étaient cultivées par nos hôtes des pommes de terre qu'il faudra bien que l'on ramasse.
Au delà, toujours dans la même direction, le vallon atteignant son plus bas remontait ensuite et en son sommet qui était en fait une longue crête, un petit bois  le couronnait tout en son long.
Pas très feng shui l'emplacement de la maison ! coincée entre deux routes qui d'ailleurs se rejoignaient quelques dizaines de mètres au sud de la maison.
Des autres maisons, ou fermes autour, je ne m'en souviens pas, nous étions en fait assez isolés !
Si ! 
Je me souviens  d'une maison à deux ou trois étages à côté de la nôtre , habitée par un feignant qui de sa fenêtre cueillait des figues de l'arbre qui tendait ses branches jusqu'à lui : c'était le fils des gens qui autrefois demeuraient à cet endroit et lui ne faisait rien : voilà ce que j'entendais.

Durant les premières nuits passées là-bas, le sommeil était assez difficile à trouver car nous étions près d'un étang où coassait un régiment de grenouilles : elles voulaient nous adresser un message que nous comprenions d'ailleurs, Patrice et moi : protégées de quelques hautes herbes, jûchées sur les nénuphars elles criaient, sous la lune, se lamentaient : "je suis pri-son-nier - je suis pri-son-nier" , à l'unisson, parfois en canon : je vous jure que c'est vrai !

Comme durant nos séjours landais,  nous étions employés aux travaux des champs ou de gardiennage de bestiaux et je dois dire que mes souvenirs de Bigorre sont beaucoup moins vifs que ceux de Chalosse : que parfois même je mélange les miens à ceux de mon frère comme si c'était moi qui avait vécu certains épisodes alors que c'est lui.

Il nous arriva donc de travailler à l'arrachage des pommes de terre, sous un chaud soleil : nous avions droit à un chapeau et nous mettions, accroché à ce dernier,  un mouchoir qui protégeait notre cou des rayons ardents : ce travail d'arrachage était un travail fastidieux qui prenait des journées entières.

Le plus souvent, nous gardions les animaux , des vaches : soit dans le champ proche derrière le petit étang, alors on adjoignait à ce troupeau quelques cochons qui étaient heureux de gambader, mais s'approchaient parfois un peu près des bovidés :  ces derniers alors les chargeaient brusquement et les pauvres cochons poursuivis, dans une course effrénée ne manquait pas de glisser de l'arrière train lors d'un virage soudain : pauvres cochons ! vilaines vaches !

Dans ce champ garni d'arbres, lorsque je gardais ces animaux,  j'observais les oiseaux, surtout les huppes,  oiseaux au long bec fin et courbé que je ne voyais que là, oiseaux au plumage beige et dont les ailes et le dos sont décorés de rayures noires, à la manière d'un zèbre, et dont la tête est ornée d'une huppe, à la manière de celle d'un cacatoès : il y avait beaucoup de ces volatiles dans le champ.

Parfois nous allions aussi garder les vaches plus loin, dans une prairie situé à peu près disons, quatre cent mètres de là derrière la ferme, au milieu d'une clairière.
Il y avait alors deux clébars qui étaient censés nous aider : un chien genre berger allemand, l'autre un petit chien roux-beige à poil ras que j'appelais "Rabiolot" en souvenir d'une de mes lectures de classe en sixième, un texte extrait d'un roman de Maurice Genevoix : "Raboliot" : ce chien n'avait rien d'un braconnier, mais tous les deux se mettaient en quatre pour emmerder les vaches, par plaisir : cependant plus d'une fois un coup de sabot bien placé (dans la mâchoire) savait les remettre au pas.

Le midi et le soir nous mangions tous ensemble, de la soupe souvent, comme dans les Landes, une grosse soupe avec des légumes entiers et de larges tranches de pain, du lard.
Plus d'une fois le fils de la maison rabrouait sa mère qui ne nous donnait pas assez à manger, car nous travaillions dur, et il lui reprochait de nous rationner !

Dans la prairie dont je viens de parler coulait une rivière bruissante et transparente sur son lit de cailloux fins les faisant tintinabuler comme des objets de verre.

Je me souviens de ce jour où par un après-midi chaud, une bourrasque soudain se levait : Patrice était seul à la prairie avec les animaux. Moi j'étais avec la patronne, seul avec elle : je regardais à l'ouest où le ciel était devenu soudain noir, puis gris : je vis disparaître le petit bois masqué soudainement par des jets verticaux d'une nuée blanche.

Je rentrais vite dans la maison criant la tempête : je n'avais encore jamais vu tel phénomène. Je vis une tôle du hangar s'envoler comme une feuille morte, à une hauteur considérable ...
La pluie tombait avec force ....
La vieille parlait de malheur, que je riais de chose qui faisait pleurer !
Et Patrice que devenait-il ?
Soudain nous le vîmes arriver, trempé, avec son troupeau qui rentrait à grand pas : il me dit que d'habitude les chiens si emmerdants avaient pris l'initiative eux-mêmes de rassembler le troupeau, et d'amener les bêtes sur le chemin du retour, et tout ce petit monde était rentré comme un seul homme, vitesse grand V.
Puis la tempête s'évanouit ...
Les chiens furent regardés avec plus de considération : ils étaient donc intelligents !

Parfois le fils, le patron nous emmenait le soir à Marseillan, village plus important situé à visto de nas à quelques kilomètres, je ne sais pas pourquoi au juste,
il nous emmena aussi assister à un gincana automobile dans je ne sais plus dans quel bled.

Vers le 15 Août nous allâmes à Lourdes et à cette occasion Patrice y fit des photos: je me souviens de la grotte et du chemin de croix, du paysage, peu, mais j'ai eu l'occasion d'y retourner une fois bien plus tard  ainsi qu'aux alentours, le cirque de Gavarnie, le Tourmalet etc ... 

 

ETE-1959-A-LOURDES-BERNARD-2ET-NOS-HOTES.jpg
 Photo faites par Patrice devant la statue de la Vierge, je suis avec nos hôtes

 

 

Nous passâmes par Ossun, l'aéroport de Lourdes, histoire d'admirer les avions, j'y vis un vickers viscount d'Aer Lingus amener des pélerins, un bel avion avec un beau vert : Patrice avait le même en dinky toys, mais d' Air France : FB-GNX.

Un jour, Patrice, qui allait sur ses quinze ans voyant mes difficultés (je ne les voyais pas trop, j'étais ailleurs) écrivit une lettre à une responsable de notre hébergement où il ne cacha pas sa façon de penser sur le comportement de la patronne à notre égard et envers moi en particulier.
Je pense que je ne savais pas tout ce que l'on disait.
Il lui dit en face d'ailleurs vers la fin de notre séjour, alors que nous ramassions des patates, ce qu'elle prit très mal !
Le patron était de bien meilleure composition, mais, comme il n'était pas souvent là, louant ses services avec sa machine à faire des bottes ...

Le dernier jour de notre séjour là bas, je m'en souviens, Patrice avait fait deux ou trois photos que j'avais encore il y a peu et que j'ai égaré momentanément : je les publierai dès que je les aurai retrouvées.
On m'y voit disant au revoir au chien beige qui finalement était plutôt sympa.

Ce fut notre dernier séjour dans des familles à la campagne, l'année suivante j'irai à Saint-Sylvain, chez les Curés, en Pays de Caux, à quelques kilomètres de Saint-Valéry.

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